lundi 3 mai 2010

Escapade dans la montagne.

Samedi, après avoir visité de nouveaux appartements avec Pamela (nom d'emprunt ^^), la jeune secrétaire chinoise de l'Alliance Française, nous avons croisé par le plus grand des hasards sur une grande avenue un Français que j'avais rencontré le jour de mon arrivée, Vincent. Nous décidons de manger le dîner ensemble dans un chouette restaurant que Pam connaît (il *faut* que j'y retourne). Et après cette soirée sympa, alors que je m'apprêtais à rentrer, Vincent me demande "Ça te dit d'aller à Huangdao demain ?". Huangdao est un district de la ville administrative de Qingdao, situé de l'autre côté de la baie. On y accède par bus ou par ferry, et Vincent m'affirme qu'on y trouve de jolis paysages et de petites montagnes à grimper. J'accepte, et me voilà embarquée dans une folle aventure sans même le savoir.
Le lendemain matin, à plus de 10h, nous nous retrouvons à Qingdao pour prendre un bus qui mène jusqu'à l'embarcadère du ferry, à l'autre bout de la ville. Nous mettons presque une heure dans un bus toujours plein de Chinois en vacances, car ils ont trois jours de congé pendant la période du 1er mai. Beaucoup ont décidé d'aller voir les cerisiers en fleurs dans un grand parc célèbre, à mi-chemin entre le centre-ville et l'embarcadère. Nous voyons descendre la majorité des passagers à l'arrêt près du parc, et lorsque le bus reprend sa route, je vois un océan de cheveux noirs remplir tout l'espace à l'entrée et dans l'allée principale du parc. Ils ont *tous* décidé d'aller profiter de la verdure au même moment...résultat ils ne verront pas grand chose, c'était véritablement noir de monde. Nous arrivons dans un quartier "populaire" où le bus s'arrête pour la dernière fois, au bord du trottoir sans un seul poteau pour signaler un arrêt de bus. Je suis Vincent qui a déjà pris le ferry une fois, car je ne sais absolument pas où on va. Il s'arrête acheter des petits raviolis chinois dans un petit étal dans la rue, puis nous arrivons dans l'embarcadère. En chemin, nous croisons de nombreux vendeurs à la sauvette, avec des étals très variés. En centre-ville ils vendent vraiment tout et n'importe quoi, casquettes, vêtements, accessoires supposés révolutionnaires, jouets...j'ai même vu une vieille femme vendre de tout petits pots de fleurs sous un parapluie. Près du ferry, je découvre un genre nouveau qui fait mal au coeur, et Vincent me dit que c'est répandu : les Chinois peuvent aussi vendre des petites salamandres dans de minuscules bocaux et des poissons rouges dans une petite poche plastique en forme de coeur, le tout en porte-clés. Dur.
Arrivés à l'intérieur, ô joie, je découvre un système un peu incongru : on fait la queue (et elle est déjà grande) pour acheter son ticket de bateau, puis on refait la queue de l'autre côté pour le faire poinçonner et accéder au quai. Bon en même temps, avec tout ce monde...
Le ferry nous mène doucement vers notre destination. La brume que cause la pollution nous cache très vite les immeubles de Qingdao, puis la ville tout entière disparaît à l'horizon. Pendant un moment, on ne voit rien, ni devant, ni derrière. Puis Huangdao apparaît petit à petit. Mis à part de petites montagnes se jetant dans la mer, qu'on voit à peine pourtant à cause de la brume, la ville semble n'offrir rien d'extraordinaire. Une fois débarqués, place à la plus totale improvisation : nous ne savons pas où aller. Nous décidons d'aller faire un tour à la plage, sur une péninsule figurant sur la carte de Vincent, mais comment y parvenir reste un mystère. Vincent est ici depuis 8 mois mais parle très peu mandarin, quant à moi je suis bien plus limitée. Grâce à une gentille jeune femme parlant anglais, nous nous retrouvons à bord d'un bus pour le centre-ville, où nous sommes censés descendre pour prendre un autre bus et rejoindre la plage. J'ai l'occasion de contempler à loisir l'artère infinie sur laquelle nous nous arrêtons, bordée de petits magasins, de banques et de grands immeubles résidentiels, dont la majorité sont assez récents. Nous partons à un arrêt de bus de l'autre côté, dans une petite rue aux affiches de magasins défraîchies.
Le bus arrive enfin, et nous grimpons à l'intérieur. A partir de là, je vais aller de surprise en surprise. Surtout au niveau paysage. Le premier "choc" vient très vite : le bus cahote et peine sur une route qui se transforme en chemin de terre aux bosses monstrueuses, car le quartier est en chantier, comme dans beaucoup d'endroits à Qingdao d'ailleurs. La Chine construit, construit, construit. Pas forcément de manière utile d'ailleurs. Il semble que l'objectif soit de faire de Huangdao un district aussi ambitieux que le centre même de Qingdao. Et là, passés les premières fondations d'immeubles, un champ. Un petit champ de pommes de terre, à la lisière du chantier, où travaille un paysan comme si de rien n'était. Et de l'autre côté, après les maisons luxueuses viennent aussi d'autres champs. Nous entrons dans la campagne, celle que les constructeurs n'ont pas encore investie. La route étroite et cahoteuse nous emmène loin, très loin. Peu de gens descendent aux rares arrêts de bus qui se suivent sur une longue route bordée de petits arbres, qui semble nous emmener jusqu'à l'infini. On voit la mer, puis une plage où les trois quarts des passagers se rendent, mais Vincent veut aller jusqu'au terminus pour voir. Après presque une heure de trajet, nous arrivons à un petit village de pêcheurs. Mon premier village chinois. De longues bâtisses renfermant des maisons séparées, des "symboles du bonheur" sur les portes (oui, je les appelle comme ça, les losanges rouges où figure le caractère chinois signifiant "bonheur", qu'on colle à la porte d'entrée des maisons. Il y en a partout, partout, partout). Nous partons à l'aventure sur les petits chemins qui entourent le village. Vues sur la mer, sur les petits champs et les jardins potagers, sur les drapeaux chinois partout (même sur les bateaux et sur les bassins de pisciculture !). Nous nous rapprochons de l'autre côté du village, où l'on entend le fracas de vagues au loin. Des villageois nous saluent. Nous débouchons sur une plage de galets et de rochers, où les vagues forment des rouleaux plus ou moins grands qui viennent frapper les rochers. Des gens cherchent des coquillages un peu plus loin. Certaines maisons donnent directement sur ce petit endroit préservé (ou presque, les déchets ne sont jamais loin...). Le spectacle est bien beau...


Lorsque nous retournons en direction du bus, un couple de personnes âgées, qui nous regardait de loin, nous accoste et commence à essayer de nous parler. Manque de chance, ils parlent en dialecte local, et Vincent, même en marmonnant quelques mots de mandarin, ne parvient pas à les comprendre. Pourtant ils rient de ce petit problème de communication, et semblent nous donner des conseils. Il semble qu'ils aient cru que nous étions perdus (vu la taille du village, ça aurait été difficile pourtant...huhu). Nous repartons amusés de cette rencontre, et grimpons dans le bus pour rejoindre la plage aperçue une heure auparavant. Il s'agit de la Silver Beach (elle doit donc avoir un nom en chinois, mais bon...=D), et du côté où nous arrivons, peu de monde. La plage est grande et les vagues modestes. Nous longeons la mer pour rejoindre le côté de la plage où sont rassemblés la majorité des touristes. C'est alors qu'une vision divine m'apparaît : des chevaux sur la plage ! =D Ils ressemblent à de petits chevaux mongols, d'ailleurs les propriétaires semblent les monter un peu de la même façon que les cavaliers de ce pays. Le harnachement aussi semble similaire. Mily est contente, elle voit des petits chevaux chinois galoper sur la plage ^_^...arrivés en bout de plage, un jeune homme m'adresse la parole et prononce le mot "cheval" en chinois. Apparemment, les touristes ont aussi le droit de s'essayer à l'équitation sur la plage héhé. Il a dû voir que je zieutais et photographiais les bestioles avec beaucoup d'intérêt lol. Je résiste fortement à l'envie de dire "Passez-moi un chevaaaaal !" en me disant que je peux revenir si j'ai envie, j'ai trois mois pour ça.



Nous passons notre chemin et revenons au bus, qui nous ramène au centre-ville. Et là, nous décidons d'aller chez Yann, qui habite à Huangdao. Yann est prof à l'AF, il habite en Chine depuis trois ans et compte bien y rester le plus longtemps possible. Il parle le mandarin de manière assez hallucinante pour la novice que je suis, blague tout le temps, rit beaucoup. La semaine, il habite un appartement sur le campus de l'université océanique, mais le week-end il file à Huangdao se ressourcer. Je vais comprendre très vite ce que ce terme signifie. Aller chez Yann semble un peu compliqué. Le chauffeur de taxi qui commence à nous emmener ne comprend pas exactement où nous voulons aller et Vincent n'arrive pas à contacter Yann à ce moment-là. Une course de perdue. Mais après, voilà le taxi qui revient vers nous avec une autre cliente parlant un peu anglais. On arrive à s'entendre et le taxi dépose la jeune femme à sa destination, puis nous emmène jusqu'à la nôtre. Il tente apparemment de nous intimider en voulant faire monter le prix de la course ou nous faire descendre, mais finalement après négociation de Vincent il ne dit plus rien. Nous arrivons sur une petite route en terre difficilement praticable, et à un carrefour apparaît Yann, juché sur sa moto. Il veut conduire le taxi jusqu'à un endroit plus proche de chez lui, mais un couple sur une autre moto fait remarquer au chauffeur que son pneu arrière est crevé. Sans comprendre au début, nous descendons et constatons que le pneu a bel et bien éclaté...étrangement, et dans une attitude totalement contraire à son coup de gueule précédent, le chauffeur s'excuse de ne pas pouvoir nous conduire plus loin. Je m'excuse alors de lui causer des soucis et règle la course. Vient alors le moment le plus fou de cette journée : il faut bien arriver jusqu'à chez Yann, et ce n'est pas vraiment la porte à côté. Il y a une moto disponible, et trois personnes à transporter....eh bien, la solution à ce problème est de faire monter les trois personnes sur l'engin, tout simplement ! Et sans casque, ça va de soit. Haha. Terrible XD
Et nous voilà partie, moi en sandwich entre les deux garçons, jusqu'au village où habite Yann.

Nous arrivons à une cour menant à une vieille bâtisse construite par le propriétaire des lieux, un paysan chinois de 79 ans. La maison voisine est habitée par un Américain, toute l'année. Nous grimpons sur la "terrasse" surélevée, et....waouh. Une grande chaîne de montagnes se dessine à l'horizon, séparée de nous par le village et ses maisons dispersées entre les champs. Derrière nous s'élève une colline aux couleurs ocres, où d'autres champs sont cultivés. Des arbres fleurissent ça et là, et le vent souffle assez fort ici. C'est super agréable. Yann n'arrête pas de pousser des soupirs de satisfaction et de nous souhaiter la bienvenue. Nous partons en excursion dans les collines, tous trois armés de nos appareils Reflex. Le "club Nikon" dixit Yann XD

Ce dernier gambade comme un cabri, entame la conversation avec quiconque rencontré sur son chemin, saute par-dessus des rochers. Il disparaît parfois de mon champ de vision, pour mieux y ressurgir quelques instants plus tard. Je gambade un peu aussi, j'aime arpenter les sentiers dans les collines. Un immonde pylône électrique (ressemblant vaguement à la Tour Eiffel dans un endroit totalement incongru) gâche le paysage presque intact de la campagne chinoise dans sa plus grande tradition. Le vent manque de me faire tomber de mon rocher pendant que je contemple les alentours. C'est si tranquille...

Yann s'exerce au kung-fu un peu plus loin, puis lui et Vincent mitraillent rochers, plantes et modèles divers et variés. Nous nous approchons même d'une petite vache attachée sur un flanc de colline. Nous croisons une femme qui rentre des champs Après nous être rassasiés de beaux paysages et de photos (j'ai vu par la suite que Yann en avait pris 400 en l'espace d'une heure), nous retournons chez Yann boire du thé et manger des madeleines. Oui, je me suis forcée pour le thé lol...un peu moins difficile à avaler que le thé vert japonais =D.

La nuit tombe et l'air se rafraîchit d'un coup. Il est temps de songer à partir. Le village est faiblement éclairé la nuit, ça donne une atmosphère un peu étrange. On allait rejoindre un arrêt de bus pour aller jusqu'au ferry, quand la Providence place dans notre champ de vision un taxi inoccupé dont le conducteur est en train de faire ses emplettes dans un petit magasin. Il accepte de nous conduire au ferry et Yann lui donne toutes les indications en chinois. Sur le chemin, le chauffeur m'offre même une pomme qu'il vient d'acheter ! Nous prenons le bateau jusqu'à Qingdao, et sommes dans les starting-blocks pour courir prendre le bus, comme d'autres passagers d'ailleurs. Bien malin celui qui nous précédait, car il a couru tout le long ou presque et a réussi à rentrer dans le bus, qui a refermé ses portes alors que nous étions à un mètre ! J'espère que c'est pas parce qu'on était étrangers....! Le problème, c'est que c'était le dernier bus pratique pour aller au centre-ville, car il est déjà presque 21h...après avoir valsé dans différents bus et aperçu un marché de nuit très sympa au bord de la mer, nous atteignons finalement des rues plus connues. A 22h à peine, je suis rentrée à l'hôtel, lessivée, les cheveux emmêlés à cause du vent, mais heureuse. C'était une chouette journée. Totalement imprévue, en free style la moitié du temps, mais j'en suis revenue vivante. C'est le principal !

Demain, j'emménage dans un appartement choisi aujourd'hui, et je commence mon stage jeudi. Le jour J approche, tâchons d'être prête !!

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