dimanche 25 juillet 2010

Retour.

Eh voilà, cela fait déjà cinq jours que j'ai retrouvé mon chez-moi français, qui n'a guère changé en trois mois et que je retrouve tout de même avec plaisir.
J'ai l'impression d'être bloquée entre deux réalités : j'ai si bien repris ma vie quotidienne comme si de rien n'était que j'ai l'impression de n'être jamais partie d'ici, et pourtant je sais que mon séjour en Chine a duré suffisamment longtemps pour me laisser des souvenirs impérissables. On dirait pourtant que quand je voyage, j'entre dans des dimensions parallèles dans chaque nouvelle ville, dans chaque nouveau pays, qui se referment une fois le séjour terminé. Ce n'est pas spécialement difficile de revenir à la vie "à la française" après trois mois en Asie. Dans le fond, mon petit quotidien bien huilé en Chine me manque un peu, bien sûr. La quasi-certitude d'y retourner un jour me suffit cependant pour apprécier les souvenirs que j'en ai gardé.

Je posterai encore quelques billets qui récapitulerons mes impressions sur ce voyage, et puis....ben ce sera la fin....momentanément, qui sait...

jeudi 15 juillet 2010

Vers la fin.

Quatre jours et demi. Un temps infiniment court pour tenter d'approcher de plus près la multitude de cultures, de villes, de paysages que l'on trouve dans ce pays. Je pense que j'en ai eu un bon aperçu, qui me donne réellement envie de revenir ici pour continuer ce voyage tout juste entamé.

Xi'an tout d'abord, capitale de la province du Shaanxi, avec son armée enterrée si impressionnante que j'ai visitée juste après avoir déposé mes affaires à l'auberge de jeunesse. Un peu moins majestueux et magique que ce que j'imaginais, mais tout de même, qui resterait insensible à la vue de plus de 1000 soldats de terre cuite, aux visages affinés avec soin et aux armures imposantes, mis au jour dans une fosse immense qui en compte peut-être encore plusieurs milliers ? Je suis contente d'avoir entrevu un fragment de l'histoire de la Chine, probablement l'un des plus célèbres depuis quelques années, mais surtout l'un des plus fous ; car pour qu'un jeune empereur commandite l'élaboration d'une immense armée fictive pour le protéger dans l'autre monde à sa mort, il fallait bien un brin de folie, vu l'ampleur du chantier...mais c'est tout bénéfice pour le touriste d'aujourd'hui qui en reste béat d'admiration...!

Retour dans la ville même de Xi'an, avec une promenade sur les remparts de la ville ancienne, et les jardins qui l'entourent. Un beau coucher de soleil pour couronner le tout, et de belles vues sur la ville parée de ses plus beaux éclairages.

Le lendemain, la Tour du Tambour s'est révélée fort instructive, tout comme ma petite promenade dans le quartier Hui de la ville. Les Hui forment une ethnie chinoise musulmane. A Xi'an, ils occupent une partie de la ville avec des échoppes très colorées, aux enseignes à la fois en arabe et en chinois, qui est bien entendu très visitée des touristes. J'ai pu reconnaître pas mal de Hui grâce aux petits chapeaux blancs ou de couleur pâle que les hommes portent presque toujours, et par le fait que la plupart des femmes sont voilées, ou ont du moins un foulard qui retient une grande partie de leurs cheveux. La visite de la Grande Mosquée de Xi'an, haut lieu du culte musulman en Chine, et probablement l'une des plus anciennes du pays, m'a particulièrement plue. C'était la première fois que j'entrais dans l'enceinte d'une mosquée (comprendre ici tous les espaces dans l'enceinte du lieu sacré sauf la salle de prière, bien entendu). L'endroit était fascinant, car l'ensemble est agencé comme un temple bouddhiste, avec des cours, des portes et des pavillons au toits en forme d'ailes d'hirondelle, dans le respect de la tradition chinoise. Mais ça et là, quelques piqûres de rappel : sur les murs et les stèles, des inscriptions en arabe, des porches et des bas-reliefs suivant la tradition musulmane. Ce mélange de cultures que l'on pourrait penser improbable m'a fascinée. Dans cette mosquée, il régnait une atmosphère sereine. Peu de visiteurs, quelques gazouillis d'oiseaux, de quoi profiter largement du lieu. Moment assez impressionnant aussi, c'était l'heure de la prière. Les fidèles étaient tous assis dans l'immense salle de la mosquée, certains retardataires sont arrivés en courant tandis que les autres commençaient les rituels de prière, rythmés par la voix de l'imam qui est également diffusée à l'extérieur de la mosquée grâce à des haut-parleurs. J'ai été un peu intimidée lorsque les hommes sont ensuite sortis de la mosquée, puis, sur un dernier appel de l'imam, se sont tournés de nouveau vers la salle de prière, et sont restés là, debout, immobiles, les mains levés, les paumes tournées vers leur visage. Je les ai regardé faire, ne sachant plus trop où me mettre. Mais ça a été un moment particulier, j'en suis contente.


Après Xi'an, et après avoir bien failli me retrouver sans-portefeuilles-fixe pendant deux minutes (volé par un enfant qui n'a opposé aucune résistance quand il a été pris sur le fait), je me suis envolée pour Chengdu. Une ville située au coeur du Sichuan, au centre de la Chine, région où il pleut 220 jours par an. Effectivement, le Sichuan, c'est vert ! Et il a plu régulièrement pendant mes deux jours et demi là-bas. Chengdu est une ville plutôt moderne, finalement pas si intéressante que ça historiquement parlant. Je n'y ai pas visité de temples, mais une rue "à l'ancienne", reconstruite dans le respect des traditions, certes, mais complètement récente, et terriblement touristique par-dessus le marché. Mais la ville offre de belles promenades dans ses divers parcs et le long de la rivière qui la traverse. J'ai aussi assisté à une représentation d'opéra du Sichuan, constitué de divers arts martiaux, arts du thé, marionnettes, spectacles comiques, et surtout du fameux changement de masques (huanmian) dont personne ne connaît le secret à part ceux qui le pratiquent depuis des siècles. Une belle expérience que de pénétrer un peu plus dans la culture chinoise (et sa diversité !) malgré le contexte "pour touristes" du spectacle ; c'était quand même bien beau.

Chengdu est en fait le point de départ idéal vers le reste du Sichuan qui regorge de paysages époustouflants. Malheureusement, la plupart des plus beaux sites de la région étaient situés à des dizaines d'heures de route et je n'avais que deux malheureux jours devant moi. Je me suis contentée d'une visite à la plus grande statue de Bouddha au monde, sur un flanc de colline près de la ville de Leshan, au sud. Après avoir flâné et grimpé sec dans un havre de verdure et de temples dédiés à diverses divinités bouddhistes, le visage de l'Eveillé apparaît tout à coup parmi les buissons, à hauteur du visiteur, et c'est ensuite une longue attente pour descendre le flanc de la colline où il a été sculpté, pour en atteindre enfin le pied. Et là, on lève le nez 78 m plus haut, et on s'émerveille. Un colosse de roche presque rouge, assis dans le renfoncement que les hommes ont creusé pour lui, semble embrasser les environs et les touristes admiratifs de son regard serein. Impressionnant.
L'autre visite impérative était, bien sûr, celle de la base de reproduction des pandas de Chengdu. Au nord de la ville, sur une colline verdoyante plantée de bambou de part et d'autre, un petit paradis réservé aux gros nounours noirs et blancs. Beaucoup de jeunes, encore un peu patauds, dynamiques et voraces malgré la pluie continue, s'ébattaient dans de grands enclos où venaient d'être livrés des kilos de bambou pour leur petit-déjeuner. Un vrai plaisir de voir ces grosses boules de poils aux yeux doux mais aux canines imposantes se servir abondamment dans le tas de bambou, assis tranquillement sur leur derrière. Des jeunes aux adultes à la carrure plus impressionnante, ils étaient tous fascinants à observer. Un jeune de deux ans a fait rire tout le monde en descendant d'un arbre avec mille précautions (à se demander s'il allait y parvenir sans se vautrer par terre), puis en allant choisir un autre arbre et en faisant le tour sans réussir à trouver une prise pour grimper. Il s'est éloigné comme si de rien n'était, puis s'est tout à coup mis à courir vers un autre arbre un peu plus loin, et en a atteint la plus haute branche avec vigueur. Il nous a dominé de là dans une posture quasi-royale...et n'a échappé à l'appareil photo de personne !
On dit que les bébés pandas ont des réactions similaires à nos petits enfants ; les deux plus petits présentés au public faisaient des galipettes à répétition et se chamaillaient comme des bébés humains. Un régal.
Un chouette endroit que je ne regrette absolument pas d'avoir visité...j'aurais même pu passer des heures à observer ces beaux animaux dans leurs jeux et leur festin.
Mais il a bien fallu rentrer à Qingdao (après avoir loupé un avion et poireauté 7h à l'aéroport) et songer à un autre départ : celui pour la France, c'est-à-dire mon départ définitif de Chine pour une durée plus qu'indeterminée.
Tout le monde me demande quand je compte revenir en Chine ; s'il est sûr que j'ai officiellement l'intention d'y remettre les pieds (pour la simple et bonne raison qu'il faudrait une existence entière pour tout en voir, et je suis loin d'avoir vu tout ce que je voulais dans ce pays), je ne sais absolument pas quand je pourrai y retourner. On verra bien...
Je me prépare, le coeur un peu gros, certes, mais d'ores et déjà rempli d'excellents souvenirs. Ce voyage et cette expérience m'auront au moins apporté une certitude : il fallait que je découvre la Chine pour l'apprécier autant que je l'apprécie à présent. J'ai hâte de revenir, vraiment.

vendredi 9 juillet 2010

Dernier voyage.

Eh voilà, je viens de finir aujourd'hui mon dernier jour de stage à l'AF de Qingdao. Ce fut une journée bien sympathique, et j'ai déjà de belles photos souvenirs. Ça va assurément me manquer. Cette première expérience a été on ne peut plus positive, j'étais dans un cadre vraiment idéal pour une première fois en tant que prof, et je ne regrette absolument pas d'avoir choisi depuis si longtemps d'aller en Chine. Je m'étendrai plus sur ce que je retiens de ce séjour dans un prochain billet.

Avant ça, mercredi, j'ai passé un bout d'après-midi avec Yann qui m'a appris quelques petites astuces de photographies pas mal utiles. On a passé pas mal de temps à tester mon Reflex en immortalisant les exploits à vélo des petits garçons et petites filles qui jouaient sur la petite place tout près de son immeuble. Les enfants d'ici sont sensiblement comme les nôtres, tout en facéties et en grands éclats de rire et courses poursuite. C'était sympa comme tout.

Jeudi, j'ai animé une petite présentation de la fête nationale française. Cette petite conférence s'est bien déroulée, je suis contente, je l'ai pas mal orchestrée. C'est surtout grâce à la stagiaire qui a bien voulu faire l'interprète que j'ai une aussi bonne impression. Sans elle, la compréhension de certains mots compliqués aurait été plus hardue. Les étudiants ont eu l'air d'apprécié l'histoire et les traditions de ce jour de fête, en tout cas !


Aujourd'hui samedi, je pars pour la ville de Xi'an, dans la province du Shaanxi. J'y reste a priori deux jours, puis je pars pour Chengdu, dans le Sichuan, pour quelques jours également, avant de retourner à Qingdao et profiter des derniers jours sereinement. Un dernier petit voyage, un peu de détente, avant de grimper dans l'oiseau de fer qui me ramènera en notre verte contrée française.Je me prépare à partir tout en pensant à ma petite mamie si fragile qui est à l'hôpital en ce moment, car ça y est, son corps s'affaiblit, et j'ai peur qu'on entame une période difficile à présent. C'est un sentiment assez douloureux quand on est à 9000 km de sa famille et qu'on dépend des bribes d'informations qu'on veut bien nous transmettre.
Haut les coeurs, j'irai prier pour le rétablissement de ma mamie dans un temple bouddhiste, quelque part dans le Sichuan. Sans ferveur aucune, mais on se raccroche à ce qu'on peut.

mardi 6 juillet 2010

L'été est là.



Ça y est, le thermomètre dépasse les 30°C et il fait pas mal humide. L'air est oppressant dans l'AF, la chaleur est presque palpable. Seules les salles de cours sont munies de la clim', la salle des profs se contente d'un ventilateur qui brasse un air déjà suffocant. Bon, on s'y fait, on survit. On sait que dans d'autres villes du sud, c'est tellement pire...
A la maison, c'est encore moins agréable : malgré les fenêtres ouvertes pour faire des appels d'air aux moments les moins chauds de la journée, il fait chaud et humide aussi chez nous (mais un peu moins que dehors quand même). Dormir devient une épreuve, entre la chaleur et les moustiques qui nous assaillent de partout. L'essence de fleurs qu'on a fini par acheter semble efficace et repousse les attaques pour l'instant.
Si on ajoute à tout ça que je suis un peu barbouillée ces derniers temps, ce n'est pas la grande forme...j'espère que ça va passer, car je supporte encore moins bien la chaleur comme ça.


A part ça, mes cours à Laoshan sont officiellement terminés depuis mercredi dernier. Mon dernier cours s'est bien passé, bien qu'un de mes élèves soit tout bonnement arrivé 1h10 en retard parce qu'il était en train de boire avec ses copains....et qu'un autre soit arrivé tout essoufflé, luisant de sueur et dans le même état que son compère à la toute fin du cours, quand on a pris une photo tous ensemble ! Ils me l'avaient jamais faite avant celle-là ! XD

Bon mais le dernier élève en question m'a remis une jolie lettre rose dans laquelle il me disait avoir apprécié mes cours et me souhaitait bon courage et bonnes vacances. Je peux donc tout pardonner <3>
C'est en fait un élève plutôt timide et qui n'osait pas toujours parler en cours. Il était plus dans l'observation et l'écoute, mais je n'arrivais pas à savoir si ma manière de faire cours lui plaisait ou non. J'ai à présent ma réponse !
Comme je n'avais pas envie de finir les cours bêtement comme ça et que j'avais envie de passer encore un peu de temps avec eux en dehors de l'université, j'ai relancé l'idée qu'ils avaient proposée quelques semaines auparavant, à savoir aller chanter tous ensemble dans un KTV, le karaoke à la chinoise. Deux jours plus tard, un message me prévenait de l'heure et du lieu de rendez-vous. Prévenante, j'ai révisé mes classiques (c'est-à-dire les trois seules chansons chinoises que je peux chanter XD).

Samedi après-midi, je retrouvais donc mes élèves pour aller dans un KTV.....en panne d'électricité. Une de mes élèves me dit que c'est la période de l'année où on utilise le plus l'électricité et que ce genre de choses arrive parfois...


Alors là, j'ai pas tout compris, mais au début les filles réfléchissaient à aller ailleurs, et puis finalement on est monté à un étage plongé dans le noir absolu, pour finalement atterrir à l'étage du dessus, inexplicablement éclairé et fonctionnel comme si de rien n'était. On est entré dans une salle immense comparé à ce que j'ai pu voir au Japon. Une disposition différente aussi : une longue banquette, trois tables, un écran rigide pour choisir les chansons, deux micros et un écran géant avec rétroprojecteur pour suivre les paroles. On était à peine arrivés que deux de mes élèves se ruent sur la borne et choisissent LA chanson que je sais chanter par coeur : le clip de "Bu neng shuo de mimi" démarre à l'écran. Je sais que c'est pour ma pomme ! Et finalement, en plus, ils m'ont laissée la chanter toute seule alors que j'avais demandé à ce qu'on la chante avec moi XD ! Une des filles étant fan des Johnny's, Seishun Amigo et Daite Señorita y sont aussi passés. Certaines chansons n'avaient pas les paroles écrites, galère quand on s'en souvient plus exactement...! Au niveau du répertoire disponible, je suis un peu déçue de la manière dont c'est organisé et au niveau de l'actualisation : certaines chansons sorties il y a presque un mois ne figuraient même pas encore dans les "nouveautés", et le choix des chansons coréennes et japonaises notamment n'était pas très large. Mais bon, c'était bien sympa quand même, surtout que dans les KTV, les Chinois ont à leur disposition des maracas et des tambourins pour battre la mesure et encourager le(s) chanteur(s) pendant la chanson ! Ça fait un boucan monstre mais c'est plutôt convivial, on s'habitue...=D


Après ça, on a filé en centre-ville où on est allé dans un tout petit endroit coincé entre deux magasins, où on peut jouer à des jeux de société pendant un temps donné. Mes élèves se sont lancés dans un RPG Loup-Garou un peu incompréhensible pour moi, avant d'opter pour un jeu que je connaissais, mais doté d'une variante que je ne connaissais pas, par contre... : le Jenga "Love". Comme dans sa version classique, on a une tour composée de morceaux de bois rectangulaires qu'il faut retirer les uns après les autres sans faire s'effondrer la tour. La variante ? Il y a un gage écrit sur le morceau de bois, et il faut le réaliser...
C'est comme ça que je me suis retrouvée à devoir figurer sur une photo avec un élève quand il a tiré "Take a picture with the person you like"....dois-je vraiment y voir un message subliminal...?


Après avoir mangé un délicieux hot-pot dans un restaurant, on a pris quelques dernières photos, et je suis rentrée en me promettant d'aller voir mes chers élèves à Brest si l'occasion se présente !

A l'AF, ça y est, il ne me reste plus que 2h30 de cours à assurer vendredi matin, et mon stage sera officiellement terminé. J'ai du mal à y croire. J'ai encore plus de mal à croire que ça signifie un retour imminent en France, alors que je viens de m'installer tranquillement dans une petite vie quotidienne en Chine.


Mais ainsi va la vie, bientôt le retour au bercail et de nouvelles marques à prendre. Une question qui me taraude depuis que je suis partie devrait être enfin résolue. Je vais reprendre ma petite vie angevine et essayer de me concentrer sur mon rapport de stage. Quant à la Chine, nul doute que j'y reviendrai. Je ne sais pas quand ce sera possible, mais je suis loin d'avoir tout vu ici.