mardi 29 juin 2010

Veuillez parler mandarin, s'il vous plaît.


Il faut à présent que je fasse un topo sur le bus à Qingdao, qui est probablement représentatif du système de bus du pays entier. Etant donné que c'est mon moyen de transport fétiche ici, je me dois d'en parler, d'autant plus que les différences avec la France sont plutôt marrantes.

A Qingdao le bus est plutôt rapide, dessert tous les endroits stratégiques comme les quartiers les plus reculés, et on s'y adapte très facilement. Il ne coûte qu'1 yuan (entre 10 et 20 centimes d'euros) pour la plupart des trajets, mais sur certaines lignes il existe un forfait "plus tu vas loin, plus tu payes", qui ne dépasse jamais 3 yuan.

J'ai découvert récemment dans un bus que des consignes étaient accrochées sur les côtés en haut du bus, car elles étaient traduites en anglais, sans quoi je n'y aurais jamais prêté attention. Hormis les classiques "Keep the bus clean" et "Please don't smoke", un étonnant "Please speak mandarin chinese" m'a sauté aux yeux. Pas de dialecte dans le bus ? Ils s'imaginent qu'une telle consigne peut être si facilement suivie ? En plus même les chauffeurs ne parlent pas qu'en mandarin. Qui pourrait empêcher une Chinoise de brailler en dialecte du Shandong dans son téléphone portable ? Personne en tout cas ne semble appliquer cette curieuse règle...

Pour aller jusqu'à mon lieu de stage, je dois donc prendre le bus. Une seule ligne passe à 10 mn à pied de chez nous et conduit directement jusqu'à l'AF, sinon il faut marcher 20 mn de plus pour avoir plus de choix. Ici, pas d'horaires précis ni de plan des différentes lignes disponible (il y en aurait environ 300 dans tout Qingdao...). Un peu comme en Irlande, il y a des horaires de début et de fin de service pour chaque ligne, mais il faut être un habitué pour connaître à peu près la fréquence des bus, qui varie de moins de 5 mn à 15 mn en moyenne. Notre bus, le sacro-saint bus n°125, se fait généralement attendre comme le messie. On se retrouve assez régulièrement à poireauter à l'arrêt pendant ce qui paraît des siècles, pour finalement le voir arriver à l'horizon....bondé. Comme d'habitude.


Eh oui, le problème des bus chinois, c'est que la plupart sont des bus simples, que tout le monde semble trouver commodes pour se déplacer, qui plus est. Du coup, il y a souvent pas mal voire beaucoup de monde à l'intérieur. L'horaire le plus pratique semble être le début d'après-midi, quand on est à peu près sûr que tout le monde est à l'école ou au travail. Le 125 semble cependant faire exception, plein comme un oeuf assez régulièrement dans la journée.

Question pratique, donc : comment prend-on le bus en Chine ?

Deux possibilités : il y a des bus avec une petite boîte à l'avant qui permet d'insérer sa monnaie directement, et une petite borne juste en dessous pour ceux qui ont des cartes de transport magnétiques. Dans ceux-là, on rentre forcément par l'avant, on fourre ses billets ou pièces dans la fente et on part se trouver une place potentielle.

Dans les autres bus, c'est "à l'ancienne" et c'est mon système préféré, je ne m'en lasse jamais : il y a une ou un préposé(e) aux tickets qui passe sa journée à arpenter le bus de long en large pour donner leur ticket de bus aux gens. Ce sont souvent des femmes, plus ou moins souriantes, plus ou moins braillardes. Armées de leur sacoche, véritable coffre-fort ambulant de billets de 1 yuan, et de leur petite boîte en bois contenant de minuscules papiers de différentes couleurs (qu'elles ne lâchent jamais, même dans les virages !), elles demandent aux passagers qui viennent de monter où ils vont, en déduisent le prix du ticket à donner, prennent l'argent, font la monnaie si besoin, et tendent le ticket de la couleur appropriée à la personne. Et là, il arrive bien souvent une chose surprenante : dans 80% des cas, le passager s'en contre-fiche de ce bout de papier qui ne sert pas à grand-chose finalement, et fait un geste de la main en disant "j'en veux pas". Alors, la préposée le laisse tomber par terre. Oui, oui, tout simplement. Dans ces bus, on se retrouve donc à marcher sur un sol jonché de petits papiers qui tourbillonnent quand les fenêtres sont ouvertes. Ce n'est qu'une fois au terminus que la préposée passe un coup de balai pour les ramasser. Ils ne servent donc strictement à rien. Belle façon de gaspiller allègrement du papier...!

Le matin, c'est donc toujours le même rituel : le bus arrive à l'arrêt, ouvre ses deux portes. Les passagers qui descendent se pressent, déjà à moitié bousculés par ceux qui n'attendent que de monter le plus vite possible (des fois que le bus partirait sans eux). Caroline et moi, les deux seules étrangères tous les matins, devons nous coincer entre les gens et nous tenir du mieux possible aux poignées ou, faute de mieux, aux barres métalliques du bus. La préposée aux tickets n'est jamais bien loin ; elle nous demande où on va, on paye, je garde mon ticket, Caro le laisse tomber, et nous voilà embarquées. Les fenêtres ont beau être largement ouvertes, autant de personnes concentrées au même endroit, ça dégage une sacrée chaleur...!

Une voix pré-enregistrée annonce chaque arrêt (et je les connais tous par coeur à force XD), et il est écrit au même moment sur les télévisions du bus. Car oui, dans le bus, il y a deux petits écrans où sont diffusés à peu près toujours les mêmes choses : pubs de glaces, reportages sur les belles initiatives de l'Expo de Shanghai et interview d'enfants sur le sujet, pubs de produits amincissants, pubs de glaces, retours sur les matches de foot, pubs de glaces, défilés de mode louches avec toujours la même musique en fond sonore (musique que mes parents passaient en boucle dans la voiture quand j'étais petite, choc). En gros, chaque semaine il y a des petites nouveautés au sein de ces programmes pré-établies, mais les pubs restent inchangées pendant des semaines et passent toutes les deux minutes environ. Très agaçant de voir tout le temps la même fille en robe légère se promener dans un beau paysage vert, et sortir une belle glace verte (aux pois verts en plus, ils sont fous ces Chinois XD) de son emballage vert et la savourer d'un air inspiré dans la nature.
En plus, quand on crève de chaud, ça donne réellement envie de manger une glace (mais pas aux pois verts, hein). Les fourbes !

Et puis après 20 minutes environ, quand on ne peut plus voir leurs pubs en peinture mais qu'on connaît pourtant chaque phrase par coeur avec l'intonation, on descend avec allégresse (et en se faisant bousculer par deux ou trois personnes au passage) à son arrêt et on se rend au travail.

Et le soir, on n'en peut plus, on va s'acheter une glace.

jeudi 24 juin 2010

Observations diverses.

Un petit florilège de choses que j'observe ici et qui, je pense, valent le détour !


Les couples

J'ai parfois l'impression que c'est le pays des couples, ici. Les étudiants surtout sortant ici très souvent en couple, on les voit partout, partout, partout. Sur le campus de Laoshan, on compte plus souvent les étudiants par paires mixtes que par groupes de plusieurs personnes...
Le couple chinois citadin de base est à mi-chemin parfait entre le couple japonais et le couple français. Contrairement aux Japonais, on trouve souvent (voire pratiquement tout le temps) les Chinois bras dessus, bras dessous. Ils n'hésitent jamais à se tenir par la main, les filles tiennent aussi souvent leur chéri par le bras. Elles n'hésitent pas non plus à s'asseoir sur les genoux de leur cher et tendre s'il n'y a qu'une place libre dans le bus. Ils ont un sens tactile très fort, et montrent beaucoup de signes d'affection par ce biais. Ce qui fait qu'on a vraiment l'impression que les filles sont littéralement collées à leur copain dans les transports en commun.
En revanche, contrairement à par chez nous, pas de baiser en public. Autant on affiche sans vergogne son statut de "couple" par des marques d'affection prononcées dans la rue, les transports, les lieux publics, etc., autant les règles sociales semblent les avoir tolérées jusqu'à cette étape précise. Ça s'arrête naturellement là, semble-t-il. De jour, du moins. Car à la nuit tombée, on dirait que c'est une autre histoire. En passant dans une petite rue très faiblement éclairée dans un quartier résidentiel, j'ai quand même failli rentrer dans un petit couple d'étudiants, disons....fort occupés à se voler un baiser dans l'obscurité ! Et les deux tourtereaux qui les suivirent deux minutes plus tard semblaient n'attendre que ça eux aussi. Les Chinois se dévergonderaient-ils seulement la nuit ? =D
Autre petit détail marrant, un concept unique ici et une mode qui semble se répandre de plus en plus : on croise partout des couples portant le même T-shirt. Même couleur, mêmes inscriptions, un pour monsieur, un pour madame. Cela donne des véritables farandoles de couples assortis parfois. Caro et moi on s'amuse souvent à compter le nombre de couples que l'on voit ainsi chaque jour...

Les amis

Dans l'ensemble, les Chinois semblent avoir une conception de l'amitié très proche de la nôtre. Il y a cependant une différence de proximité. Je ne sais pas exactement pour les garçons, qui trahissent moins bien leurs liens entre eux, mais les filles peuvent être extrêmement proches de leurs amies. Preuve en est deux de mes élèves, qui sont systématiquement collées l'une à l'autre en cours, qui parlent parfois exclusivement entre elles, qui se touchent gentiment le bras ou l'épaule. Une grande affection trahie par ces petits gestes. Les filles peuvent aller jusqu'à prendre leur meilleure amie par le bras, voire lui tenir la main, les doigts parfois carrément entrelacés sans que cela n'exprime quoi que ce soit d'autre qu'une très forte amitié. J'ai même parfois vu des garçons bras dessus bras dessous. Plus généralement, j'ai l'impression que le sens tactile est bien plus naturel ici. Que ce soit les couples, les amis entre eux, et même les personnes qui ne se connaissent pas ou peu, il y a une plus grande proximité entre les gens.

Les enfants

Eh oui, comment passer à côté ! Les enfants eux aussi sont partout. La Chine est incontestablement le pays des enfants. Les parents semblent très impliqués dans l'éducation de leur enfant, et passent beaucoup de temps avec lui. Je vois souvent les deux parents et leur enfant en promenade ensemble, pas seulement le week-end. Je parle au singulier parce que, évidemment, nous sommes dans un pays qui pratique la politique nataliste. Quoique je vois de plus en plus de familles de deux enfants dans la rue ! On dirait que les gens commencent à se lasser de la loi de l'enfant unique...
Encore plus qu'au Japon, les grands-parents sont dévoués à leurs petits-enfants. Ils sont très nombreux à emmener les tout-petits se promener dans les parcs et ramener les élèves de primaire chez eux quand leurs parents travaillent. J'ai l'impression qu'ils jouent un rôle fondamental dans l'éducation des enfants ici.
Les enfants sont rois, voire même empereurs en Chine, c'est de notoriété publique. Tout est fait pour leur bon plaisir. De nombreux endroits de la ville leur sont dédiés, et on leur offre pratiquement tout ce qu'ils veulent. Au zoo de Pékin, c'était fascinant : on aurait dit que TOUS les parents de la ville avaient décidé de converger jusque là pour montrer à leur progéniture les animaux sauvages. Les enfants, souvent très jeunes, ne trouvaient qu'un intérêt limité aux animaux derrière leur vitre ou leur grillage, et couraient partout ailleurs, ravis des divers endroits qui leur étaient entièrement consacrés. Je n'en ai pratiquement pas croisé un seul qui n'avait pas soit une glace, soit une barbe-à-papa dans la main. En plus d'une peluche ou d'un gadget divers acheté à l'un des innombrables stands ruineurs de parents dociles. Les enfants tapent sur les vitres des animaux alors que c'est écrit qu'il ne faut pas le faire, personne ne réagit. Les enfants jettent des bouteilles en plastique dans la fosse aux pandas alors que c'est écrit qu'il faut pas le faire, mais personne ne leur dit rien. J'en ai vu quelques un faire d'énormes caprices en pleine rue, pendus au bras de leur mère, mais pas plus terribles qu'en France.

Les animaux de compagnie

Un remake du Japon, en pire. Ici aussi, on vénère les petits chiens ("à sa mèmère", dira-t-on). Mais par "tendresse", on les laisse manger n'importe quoi. Et c'est comme ça qu'on se retrouver avec d'énormes saucisses courtes sur pattes qui peinent à se déplacer décemment. Il y en a plein dans mon quartier, que leurs maîtres promènent souvent au moment où je rentre chez moi. Teckels, caniches et autres chiens de petite taille, il y en a au moins trois sur cinq qui sont bien trop gros. Fort heureusement, on croise aussi, mais plus rarement, des chiens classieux de plus grande taille, comme des sortes de loulous blancs ou des golden retriever. Hormis un petit caniche affublé de petites chaussures noires et blanches, je n'ai pas vu de chiens habillés comme au Japon. Espérons que ça n'arrive jamais...
On apprécie apparemment les petites bestioles. Les petits rongeurs et les oiseaux exotiques ont l'air assez populaires. Les lapins et cochons d'Inde sont vendus dans des cages minuscules, mais je ne sais pas si on les met ailleurs ensuite. Dans une pseudo-boutique d'animaux, il y avait un scorpion dans un mini-aquarium de fête foraine, et un agglutinement de tortues dans un petit bac juste à côté.
Ici aussi, on ne garde guère les chats à la maison, ils vivent plutôt dans la rue. Comme on s'en doute, personne ne castre les mâles, et j'ai donc droit à des cris et autres feulements de chats qui se battent dans la cour sous ma fenêtre. L'autre fois, un soir, j'ai entendu les pleurs d'un chaton perdu, et je ne pouvais que prier pour que sa mère le retrouve. Seulement le lendemain matin, j'entends de nouveau le chaton en allant travailler, mais n'arrive pas à le voir ni à savoir d'où provient sa voix. Le soir, rebelotte, mais cette fois-ci, dans l'obscurité, je cherche un peu et découvre une minuscule boule grise qui me regarde m'approcher, surprise, qui miaule un coup puis court de ses toutes petites pattes se réfugier dans des buissons. Même pas 1 mois d'existence, c'est sûr. Le gardien du parking d'à côté me regarde, un peu plus loin. Il doit avoir ce chaton sous les yeux depuis le début mais ne fait rien. J'aurais été en France, j'aurais poursuivi le bébé chat jusqu'à réussir à l'attraper pour m'en occuper ou le donner à la SPA. Mais ici...ici ça n'existe pas, et de par mon statut d'étrangère ici seulement pour quelques mois, je ne pouvais pas m'occuper de ce petit bout. Je l'ai encore entendu depuis ma fenêtre plus tard, et ça m'a fendu le coeur de ne rien pouvoir faire. Un peu après, je suis partie à Pékin. Depuis mon retour, je n'entends plus rien.

lundi 21 juin 2010

Pékin ou la grandeur du passé.

Quatre jours. Peu de temps finalement, pour une vadrouille dans la dernière cité impériale de Chine. Mais de quoi laisser suffisamment d'étoiles dans les yeux, en plus de l'envie d'y retourner un jour.

Pékin est une capitale fascinante (elle aussi). Il y subsite, en son coeur, les vestiges d'un passé glorieux, celui des deux dynasties qui en on fait leur capitale, et celui, plus discret, mais tout aussi enchanteur, des hutong, les quartiers populaires encombrés de vélos qui donnent aux abords de la Cité Interdite un air de village aux rues étroites étendu sur des kilomètres.




Le modernisme des quartiers périphériques, qui encerclent ce noyau dur de tradition, le menacent mais ne l'ont pas encore atteint entièrement. Il y a bien des hutong qui sont déjà passés sous les pelleteuses, mais une grande partie subsite encore et, j'espère, fait suffisamment le bonheur des touristes pour qu'on ait pas l'idée de les supprimer prochainement eux aussi.

Je n'ai guère flâné dans les quartiers ultra-modernes. J'en ai vu un peu, pourtant, notamment Xidan, l'équivalent du quartier de Shibuya au Japon pour sa population de jeunes au mètre carré. Mais ce ne sont pour moi que de vagues redites du CBD de Qingdao ou de Tokyo. Ce n'est pas ce que je recherche avant tout à Pékin, aussi ne me suis-je pas prise de passion pour les buildings ici comme je l'ai fait à Hong Kong. L'atmosphère n'est pas la même. A vrai dire, Pékin me donne l'impression d'être comme Paris : une capitale basse, que les immeubles modernes enlaidissent.





Et que voist-on à Pékin, en quatre jours ? Un fourmillement constant de gens, pourtant pas aussi dense que dans la capitale japonaise ; une atmosphère unique, bien différente de l'air marin de Qingdao ; une vie tenace qui s'accroche aux hutong où les voitures ne peuvent entrer qu'avec difficulté. Des monuments, bien sûr, ancrés dans un paysage encore pas trop défiguré. Une Cité Interdite plus majestueuse que ce que l'on peut imaginer en regardant de simples clichés. Une Cité un peu vide, peut-être, car ses plus beaux palais ne sont pas visitables et certaines parties sont en reconstruction. Mais la traversée de l'enceinte du sud vers le nord, conformément à la tradition, même sous un soleil écrasant, laisse un sentiment indescriptible. Il faut essayer d'occulter tous les touristes chinois si bruyants autour de soi, et se croire seul au monde dans ce grand rectangle de murs rouges et de tuiles orangées. Une fois arrivé à la Porte Nord, on ne s'arrête pas là. Un dernier effort mène à la récompense suprême. Une fois les quelques marches de la Colline de Charbon gravies, on accède à une pagode à son sommet....et on n'a plus qu'à ouvrir grand les yeux, s'asseoir si possible, et se sentir le roi du monde si on veut.






Pékin renferme un autre bijou, très fréquenté des touristes mais tellement appréciable, surtout en y arrivant peu avant la fermeture : le Temple du Ciel. Arriver par la Porte Sud accentue le suspense ; on passe tout d'abord par l'Autel du Ciel, qui donne tout sauf l'impression d'être en Chine.

La Voûte Céleste Impériale ensuite, ce petit temple rond annonçant dans son architecture à quoi va ressembler le dernier élément de cet ensemble sacré, flanqué de ses deux bâtiments annexes.

Et puis, enfin l'endroit le plus célèbre et probablement le plus beau : la Salle de Prière pour de Bonnes Moissons. Fraîchement restauré, brillant de toutes ses couleurs, il trône au milieu d'en enceinte carrée comme les deux temples précédents. Le soleil qui décline lentement fait resplendir ses tuiles bleues et les dorures qui serpentent sur ses murs. La contemplation est courte, mais appréciée à sa juste valeur.

"Celui qui n'a pas gravi la Grande Muraille n'est pas un brave."
Qui ne va pas à la Grande Muraille pendant un séjour à Pékin n'est pas un bon touriste.
Suivant ces deux adages (dont un qui n'engage que moi =D), une visite au plus grand mur du monde s'imposait. Et ça valait le coup. Evitant le site de Badaling, le plus célèbre et l'un des plus beaux, certes, mais le plus blindé de monde (et je n'aurais guère apprécié d'avoir uniquement des têtes noires grouillant sur un mur, en guise de clichés...), nous avons gravi les marches conduisant à la Muraille sur le site de Mutianyu, au paysage un peu plus sauvage. Premier moment d'excitation en apercevant un fort à travers les arbres. Et puis, un mur de 8 mètres de haut nous fait face. Un instant plus tard, aussi fières que si c'était sur la Lune, nous posons le pied sur la Grande Muraille de Chine, la seule, l'unique, la vraie. Et c'est parti pour 2h30 de contemplation, de marche, de sueur et de soupirs d'aise sous une chaleur humide qui ne gâche pourtant pas la vue imprenable qui nous est offerte.
Pour faire dans l'original, nous avons craqué pour un retour à la civilisation pour le moins original : le toboggan. 1.5 km de piste, armées d'un petit bolide avec un frein/accélérateur, qui serpente dans la forêt au pied de la muraille jusqu'aux parkings et allées touristiques. Toujours plus sympa que de bêtes télésièges...

On doit ajouter à tout ça un succulent dîner dans le meilleur restaurant de canard laqué de la ville, quelques promenades agréables et des rencontres amusantes dans les boui-bouis où nous sommes parties en quête de nourriture. Des orages impressionnants aussi, aux éclairs multiples et aux coups de tonnerre tonitruants. Une brève promenade dans le zoo de Pékin pour apercevoir les grands pandas, gentiment assis dans un coin, occupés à grignoter leurs feuilles de bambou.

Et une dernière visite avant de reprendre le train, celle du Palais d'Eté, affectionné par les derniers empereurs chinois, notamment l'impératrice douairière Cixi, qui y a longtemps résidé. Un vaste jardin, un grand lac où pullullent les barques et pédalos, une île et un pont majestueux, mais surtout, hormis bien sûr des palais impériaux et une long galerie de promenade longeant le lac, un superbe ensemble de temples bouddhiste dont les noms laissent rêveur : Palais des Nuages Ordonnés, Pavillon des Fragrances Bouddhiques, Pavillon de la Mer de la Parfaite Sagesse. Là encore, une architecture, des paysages et des vues magnifiques. L'ascension du sommet de la Colline la Longévité Millénaire est éprouvante mais les alentours en valent largement la peine. On s'y ressource un instant, un long instant particulièrement agréable si un vent frais s'en mêle. On comprend tous les empereurs qui sont venus se promener ici, on les envie même d'avoir pu le faire sans hordes de touristes de part et d'autre.

On redescend cependant dans le monde des humains, on va jeter un coup d'oeil au célèbre bateau de marbre, "symbole de l'immobilisme impérial" au moment où l'Empire n'en avait plus pour très longtemps. Et comme on n'a soi-même guère de temps devant soi, on quitte ce havre de verdure et de paix relative (les touristes étant des créatures bruyantes au possible) et on fait en sorte d'avoir son train. On rêve à tout ce qu'on a vu en quatre jours. On sait que Pékin ne se résume pas à ce qu'on y a vu, on voudrait déjà l'explorer encore un peu plus la prochaine fois. La prochaine fois, quand on posera de nouveau le pied, conquérant tel un lointain Empereur, dans la capitale chinoise, qui est bien loin d'avoir révélé tous ses mystères.

dimanche 6 juin 2010

Bientôt...

Quelques petites nouvelles de la semaine !


Un emploi du temps normal, 10h cette semaine. Un cours aux B1, le reste aux A2. J'ai aussi fini une grande partie des dossiers à rendre pour l'université. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais ce qui est sûr, c'est que je ne suis pas faite pour faire mes études à distance. Je n'arrive pas à bien m'organiser et l'échéance me fait si peur que je remets tout à plus tard...ce qui n'est bien sûr pas judicieux...mais enfin nous verrons bien.

Lundi, nous avons dîné au restaurant. Notre directeur voulant certainement partir sur de bonnes bases avec l'auditrice pédagogique qui allait passer en revue tout le fonctionnement de l'AF les jours suivants, il nous a tous invités (profs, stagiaires, secrétaires et même femme de ménage !) au restaurant. En compagnie de cette dame bien sûr. Et pas dans n'importe quel restaurant. Un restaurant végétarien bouddhiste. Un concept jusqu'alors inconnu pour moi...!

Nous sommes entrés dans une salle privée qui s'est révélée sympa mais pas aussi bien que la salle principale avec son odeur d'encens et son ambiance calme et tamisée. Les plats étaient beaucoup à base de légumes et d'autres plantes, j'ai grapillé ce que j'aimais. J'ai eu l'impression de manger de bêtes feuilles pour certains plats, mais lorsque sont venus les assortiments de viande, ça a commencé à devenir intéressant.

Et là, on se dit "Y'a pas une erreur là ? De la viande dans un restaurant végétarien ?!". Eh bien cette viande n'a de "viande" que le nom. Il s'agit en réalité de tofu ! Mais les viandes sont si bien imitées, même au niveau du goût, qu'on a l'impression de manger véritablement des steaks, des brochettes d'agneau ou des saucisses de porc. En revanche, même si le poisson-tofu reprenait prodigieusement l'aspect du vrai poisson, au niveau goût c'était clairement du tofu. Une expérience originale qui m'a donné envie de goûter à plus de plats de ce genre, moi qui n'aime pas le tofu "nature", ça pourrait être intéressant !

Les cours à Laoshan se sont également bien passés, même si je ne trouve pas encore de cohérence aux activités que je leur fais faire...ils veulent communiquer, je fais au mieux, mais j'ai l'impression que c'est pas encore ça. Et je crois bien que j'entame ma dernière semaine avec eux, je risque d'être un peu frustrée...on va essayer de finir sur une bonne note vendredi, allez.

Côté visite, aujourd'hui, après avoir fait nos emplettes au marché, on s'est tranquillement promenées pendant une petite heure dans le centre de Qingdao, entre la gare et la mer. Pour aller jusque-là, on a pris un bus un peu au hasard, on a traversé des tas de quartiers inconnus et à l'air fort intéressant. On a repéré notamment la rue Dongshan Lu, où se tenait un marché aux oiseaux qui donnait envie de flâner sur le trottoir ; Red Wine Street de nuit, c'est une imitation kitsch des Champs-Elysées à Noël ; enfin le fameux temple de Xiaoyushan (la montagne du Petit Poisson, huhu.) que je contourne depuis mon arrivée sans y avoir mis les pieds. Dans deux semaines, c'est sûr, on se fait une longue promenade dans un de ces endroits !

Quand on marchait dans les rues du centre, encore une fois, les gens nous dévisageaient franchement, nous parlaient vaguement aussi parfois.
Voilà un détail qui m'agace presque : les hommes en particulier nous lancent/marmonnent/murmurent un "hallo" comme ça, dans le vent, et continuent leur route comme s'ils ne nous avaient pas vues...! Quand je me retourne pour vérifier que je n'ai pas halluciné, mais bel et bien entendu une salutation qui m'a été adressée, ils ne nous prêtent absolument plus aucune attention et sont déjà passés à autre chose. (Notez que je parle d'hommes au pluriel...ben oui ils le feront pas ou moins s'ils sont tous seuls =D). Moi qui ai l'habitude de répondre quand on m'adresse la parole, ça m'énerve XD...ne nous saluez pas dans ce cas-là, ça revient au même~~!! C'est bien plus agréable de voir, comme ce matin avant le marché, des petites filles de primaire nous dire "Nihao~!" et agiter la main dans notre direction, un grand sourire collé au visage, jusqu'à ce qu'on les voit et qu'on leur réponde. Elles étaient trop choupis~


Et puis voilà, le dimanche, c'est ça ; on va dans des endroits loin de la modernité dans laquelle on baigne les autres jours de la semaine, ces rues cernées de petits immeubles qui ressemblent au nôtre, habritant d'innombrables échoppes où tout se vend, devant lesquelles des dizaines de personnes étalent leurs produits (légumes, accessoires, animaux...) sur des linges à même le sol, et espèrent qu'on va leur acheter quelque chose. C'est là que les gens s'attardent le plus à nous regarder, nous, les laowai. Ça me donne un sentiment assez indescriptible de me retrouver là, parmi ces gens, et je ressens à la fois une curiosité grandissante et une légère gêne à ne pas ressembler aux autres, à ne pas savoir la langue des autres. J'ai déjà évoqué cette impression plusieurs fois. Elle s'atténue mais ne disparaît pas. Elle ne me dérange pas outre mesure, mais j'ai souvent conscience d'être une étrangère ici. Pour essayer de remédier à ça, j'ai un peu progressé en chinois. J'ai envie de communiquer avec les gens. Il faut franchir le pas.

En attendant, de samedi soir à mercredi après-midi, je serai (enfin !!) à Pékin !!! L'euphorie est bien là, je suis sur le point de poser le pied pour la première fois dans la capitale de la Chine. Ça va être génialissime, j'ai vraiment hâte.
La Cité Interdite et la Grande Muraille, c'est donc pour très bientôt...