samedi 29 mai 2010

Aux couleurs de la Bretagne.

你好~
Bonjour~
Quelques nouvelles de la semaine qui vient de passer ! Lundi et mardi, j'ai donc donné mes premiers cours à la classe de niveau B1 qui m'a été désignée. Il s'avère que c'est une classe fort sympathique, composée d'étudiants adorables et désireux de communiquer.
L'Alliance remplit beaucoup ses classes dans les niveaux A1 et A2, mais le niveau B1 est constitué d'une seule classe de 6 étudiants. C'est dû au fait que les étudiants souhaitent généralement acquérir un niveau A2 qui leur permettra d'aller poursuivre leurs études de français en France, et à long terme d'entrer à l'université là-bas. En gros, ils comptent partir le plus vite possible, et ça se ressent au niveau des effectifs pour ceux qui continuent en B1. L'Alliance a ouvert une classe de B2 cette session, pour la première fois depuis 4 ans ! Seules 4 étudiantes ont choisi de poursuivre à ce niveau...
Mais revenons donc à mes B1. Beaucoup frôlent l'excellence à l'écrit, mais ils manquent encore un peu d'aisance à l'oral. Les garçons en particulier ont des soucis de prononciation et d'articulation sur certains mots. Ils sont pourtant très studieux, je pense qu'ils ne peuvent que progresser malgré tout. Ma plus grande appréhension est la présence dans la classe d'Eddy (nom d'emprunt français, bien sûr), qui approche de la quarantaine. Il travaille depuis longtemps et assiste aux cours pour son bon plaisir. C'est donc un peu intimidant, car c'est la première fois que j'ai un adulte actif dans une classe ! Je me sens vraiment toute petite par rapport à lui ^^. C'est pour ça que je redouble d'efforts pour "activer mon statut de prof", comme on dit en cours, et tout se passe bien pour l'instant. Il est d'ailleurs très sympa et fait rire tout le monde en classe.
Le lien avec ces étudiants-là est différent de celui que j'ai avec les A2. On sent la différence de spontanéité entre les deux groupes, et les heures de français que les B1 ont derrière eux. Ça les pousse vraiment à poser des questions même s'il faut m'interrompre pour cela ! Mais mes A2 m'adressent la parole sans problème dans les couloirs, et on peut discuter ensemble parfois, c'est très marrant ^^.
Côté visites, cette semaine, je suis allée avec Caro jusqu'au vieux centre de Qingdao, et à sa jetée très célèbre. Hautement touristique, Zhanqiao (栈桥) est composé d'un long ponton de pierre grise et, au bout de celui-ci, du pavillon Huilan (回澜), qui figure notamment sur toutes les bouteilles de la marque de bière Tsingtao, née et produite en grande quantité ici.



Le bord de mer de cette partie de Qingdao est très touristique. On voit bien que la ville est avant tout appréciée comme station balnéaire. j'ai hâte de voir ce que ça va donner l'été...!
Pour accéder au côté de la route où se trouve la jetée, on doit passer par un souterrain. Et là, on est dans un autre monde l'espace d'un instant. Sous la route, des magasins de souvenirs, de poisson séché surtout, des fast-foods à la chinoise, des vendeurs de glace. Un monde souterrain rempli surtout de gourmandises...la tentation est forte, mais on résiste. Pour cette fois...

Nous avons longé la grande avenue de Zhongshan Lu, puis sommes entrés dans un centre commercial souterrain apparemment connu, mais un peu vide. Une longue allée de magasins alignés les uns à côté des autres, vendant de tout à des prix très très variés. Nous sommes ressorties pour poursuivre notre découverte de la ville. En nous enfonçant au hasard dans les rues du vieux Qingdao, nous avons eu l'étrange impression de ne pas être en Chine. Une cathédrale, des bâtiments administratifs aux façades de style occidental, un dédale de petites rues aux rangées d'arbres qui rappellent le Vieux Continent ; le centre historique est un incroyable mélange d'architectures qui sont tout sauf typiquement chinoises. L'occupation allemande puis japonaise a laissé des traces, et c'est fascinant. Jugez plutôt.


Et pourtant, parmi ces reliques des temps anciens fourmillent les traditions chinoises. Les symboles du bonheur habillaient de nombreuses portes d'entrée. C'était jour de marché lors de notre visite. Caro n'a pas résisté à des brochettes de coeurs de poulet cuites au barbecue dans la rue. C'est là qu'un gentil monsieur nous a parlé en anglais, et a dit avec une mine très sérieuse que la France était un pays romantique. Il m'a dit bonjour en français, tout fier de lui, et m'a tendu la main pour me saluer à l'occidentale. Mais il m'a prise par surprise en portant ma main à ses lèvres tel un gentleman d'autrefois...à cela il a ajouté que Caro et moi étions "very beautiful" haha...on dirait qu'ici les Françaises sont forcément charmantes par définition XD
Après notre petite balade dans la ville (et une pseudo-tentative d'approche de deux gus qui s'ennuyaient dans une boutique...) nous sommes rentrées chez nous.

Le lendemain, une fois nos cours donnés, nous avons rejoint une petite fête qui était organisée sur la Marina Olympique, le soir-même. Et pas n'importe quelle fête...! Un véritable fest-noz avec galettes, crêpes et danses bretonnes au son du violon, du biniou et de la cornemuse ! Et mon premier par-dessus le marché !

La patronne française du bar qui organisait ce petit événement était ultra-zen, trop d'ailleurs ; avec un seul cuisinier aux fourneaux, les commandes de galettes et de crêpes mettaient un temps fou à arriver et les nombreux Français rassemblés grognaient et trépignaient derrière le bar. Il y avait un forfait 2 galettes + 1 crêpe sucrée, alors quand on a payé dès le départ pour trois crêpes et qu'on voit la queue que ça fait, on espère très fort qu'on va bien obtenir la commande entière...





J'ai fort heureusement dégusté mes trois crêpes avec bonheur et ai dansé comme une petite folle sans jamais réussir à tenir décemment le rythme des pas de danse que nous enseignait l'un des membres du groupe breton qui jouait pour nous. J'adore les danses bretonnes, mais pas facile de suivre, surtout quand les genoux flanchent et qu'on a trop vite des crampes aux jambes !
Nous ne sommes cependant pas rentrées trop tard non plus, car le lendemain matin, nous devions partir à 6h45 de chez nous pour retrouver une grande partie de la troupe des première année de français à 8h15 devant la porte principale de l'université de Laoshan. Objectif de la matinée : cueillir des cerises et pique-niquer ! Nous avions en effet été invitées une semaine en avance et avions toutes les deux accepté malgré l'heure matinale du rendez-vous.

Et nous voilà parties un samedi matin, dans un bus rempli d'étudiants tout souriants, à travers les zones rurales coincées dans les montagnes de Laoshan. Sur la route, des dizaines de paysans agitent des pancartes ou des branches de cerisier lourdes de fruits, pour inciter les gens à venir en cueillir chez eux. Certains vendent même des paniers remplis. Le bus passe à travers des villages où se presse une population qui n'a plus grand chose à voir avec celle que je croise sur Nanjing Lu tous les jours. On voit que la vie est plus rude par ici.

Le bus s'arrête finalement sur une route cernée par des vergers. Un "guide" nous accueille et une jeune prof chinoise nous explique qu'il est chargé de nous mener jusqu'aux arbres où il est permis de cueillir les fruits. Sur la propriété, les cerisiers appartiennent en effet à plusieurs personnes différentes et il ne faudrait pas piocher dans ceux du paysan voisin...et c'est parti pour une bonne heure de régalade. On peut manger les fruits à volonté, mais il faut payer pour les ramasser dans le but de les emporter chez soi. Je préfère amplement déguster des cerises tout mon saoul, sur place, en fouillant parmi les branches pour atteindre les meilleures. On nous prend régulièrement en photo, Caro et moi, et quelques élèves me posent des questions sur le français, les autres langues européennes, etc. Vient ensuite le concours de lancer de noyaux ! Auquel je ne participe pas, mon score aurait été minable =D.






Et puis nous quittons le verger, ceux qui ont ramassé des cerises les payent, puis nous avons un temps libre que je croyais très long, puisque la prof chinoise disait "le bus part à deux heures". En réalité, nous sommes allés jusqu'à une portion du village en allant plus vite que les voitures coincées dans un bel embouteillage juste à côté de nous, et nous avons admiré pendant quelques minutes la vue sur une rivière au bien faible débit, et sur un pan de roche escarpé sur l'autre rive. Après quoi nous sommes retournés au bus, et lorsque tout le monde est rentré dedans, nous sommes partis. Il était 11h30, je n'ai pas très bien compris leur organisation au niveau des horaires, mais bon...

Du coup, j'ai pris le bus pour rentrer en compagnie de Zizou, élève de première année fort sympathique. Vous l'aurez compris, il est passionné de foot. On a réussi à ne parler presque que de ce sport durant 30 mn de trajet, alors que je n'y connais finalement pas grand-chose. Mais c'était marrant ^^. Et finalement, puisqu'on avait pas pique-niqué, j'ai mangé mon repas seulement une fois arrivée à la maison !
On a fini la semaine en apothéose avec un orage digne de l'Apocalypse juste au-dessus de la ville. Des pluies diluviennes, des éclairs toutes les 10 secondes, et un tonnerre à en réveiller les morts. Du coup, on est pas sorti de la journée et on a travaillé sur nos dossiers respectifs. Fin de semaine studieuse...

dimanche 23 mai 2010

L'étrangère.


Eh oui, ici, c'est tout de même ce que je suis. Une étrangère. Ce n'est pas forcément une image négative, d'ailleurs.
Les Chinois que je croise dans la rue ont des réactions très diverses quand ils s'aperçoivent que j'ai une bonne tête d'occidentale (c'est sûr qu'avec des cheveux clairs bouclés et des yeux bleus, on se fond difficilement dans le décor =D"). Certains arborent un grand sourire et lancent un beau "Haallooo" (comme les Japonais, même syndrôme, mais avec un "h" guttural à souhait) et semblent tout satisfaits, limite heureux quand ils obtiennent une réponse. Il y a deux jours, j'ai même eu droit au salut d'un homme à la quarantaine passée, puis, trois mètres plus loin, d'un couple de retraités ! Notons que je leur réponds par un beau "Nihao", histoire de montrer qu'il n'est pas nécessaire de me saluer en anglais, je connais au moins ça en chinois ^^. Quand je monte dans le bus, je n'y coupe jamais, il y aura forcément *tous* les gens assis à l'avant qui vont tourner leurs yeux éberlués ou modestement indifférents vers ma petite personne. Ça ne me mettait pas vraiment à l'aise au début, j'avais l'impression de rentrer dans une bulle chinoise où je n'étais pas invitée. Maintenant, j'ai plus d'assurance et cela m'amuse un peu.
J'ai déjà entendu des hommes s'exclamer sur mon passage "Oh ! Laowai ! Laowai ! Hallo !". Laowai, 老外, c'est l'étranger. J'ai parfois l'impression de me trimballer avec une étiquette "Laowai" qui me différencie d'office des autres. Mais ça ne dure qu'un temps ; je suis suffisamment habituée à ma vie en Chine pour passer outre ce sentiment passager. A Qingdao, les gens sont généralement aimables et prêts à aider. Ils explicitent leurs paroles en chinois par des gestes si je ne comprends pas, et ça m'aide souvent. Ils sont plutôt accueillants.


Cette semaine, tout s'est bien passé, j'ai envie de dire "comme d'habitude" ! Mercredi soir, j'ai dû aller à un concert de DJs venus tout droit de Nantes, en pleine tournée mondiale, que le réseau avait fait venir à Qingdao, et qui investissaient le temps d'une soirée un bar bien connu des francophones de la ville. Je n'étais vraiment pas motivée pour y aller, vu le peu d'intérêt que je porte à ce style de musique et aux bars en général, mais on m'avait fait comprendre qu'il fallait venir pour "soutenir l'AF". Autrement dit, ça se verra clairement si tu viens pas, petite. Bon...je donnais cours à Laoshan jusqu'à 20h20, il m'a donc déjà fallu atteindre le centre-ville en bus. A 21h15, j'étais sur Nanjing Lu, lessivée, et encore moins motivée. Je n'ai pas pris le temps de manger (pas d'étals intéressants dans la rue qui plus est) et je voulais être "le moins en retard possible", le concert commençant à 21h. A 22h passées, j'atteignais enfin le bar après avoir flâné et pris des photos sur le bord de mer (pas pu m'en empêcher~). Le concert n'avait même pas encore commencé, mais la musique dance/techno qui faisait déjà vibrer les fauteuils n'était pas ce qu'il y a de plus agréable. Je me suis assise près de Shuang, autour de la table des profs de l'AF. On constatera plus tard que tous les hommes qui enseignent le français ici ont une copine chinoise. *Tous*. Les filles feront ce juste commentaire : "Et nous par contre on peut toujours courir pour se trouver un Chinois !"...


Enfin les DJs nantais sont arrivés et ont joué avec leurs platines pendant environ 45 minutes. Un peu un supplice pour moi, Shuang et nos oreilles, "de la bombe" pour les autres partis s'éclater sur la piste. J'ai repéré deux de mes élèves en pleine appréciation du son =D. Même notre directeur et sa femme (chinoise, évidemment) se trémoussaient devant la scène. Bon, certes.
Shuang et moi avons passé tout ce temps à discuter, à prendre des photos, bref, nous nous sommes amusées à notre manière, collées à notre banquette...
Bon, ça aurait pu être pire vu mon aversion pour les bars, clubs et tout ce qui s'ensuit...=D

A part ça, hier, avec Caroline, nous sommes allées fureter dans le quartier de l'autre côté de notre rue, plutôt que de longer Nanjing Lu comme à notre habitude. Bien nous en a pris ! Derrière les façades de restaurants et autres magasins chics sur Nanjing Lu se cachent des quartiers bien plus "populaires", des petites rues vivantes, remplies de minuscules échoppes, d'étals de fruits et légumes, et de halles immenses où se constitue un marché couvert qui sent vraiment la Chine. D'ailleurs, c'est ce qu'on s'est dit en arrivant là avec Caroline : "Voilà la "vraie" Chine." Bien sûr, tout dépend de ce qu'on met derrière ce terme, mais pour nous ça signifiait un peu plus d'authenticité que les immeubles modernes du CBD.
On a erré ébahies parmi les étalages de fruits, de légumes et de poissons en regardant les gens faire leurs achats en discutant fort et avec une multitude de gestes aux vendeurs.

Du coup, aujourd'hui, on y est retourné pour acheter nos provisions pour la semaine. On s'est un peu fait avoir sur les cerises à 60 yuan (presque 6 euros...) car le prix n'était pas indiqué, et le temps que je comprenne ce que le maraîcher disait, hop, il nous demandait 60 yuan. Mais pour le reste de nos achats, nous avons plutôt fait des économies par rapport au supermarché.
Après nos petites courses et sous une rafale de vent, nous avons regagné la rue où s'étalent les petites échoppes et les stands où l'on peut acheter des brochettes cuites au barbecue sur le trottoir. On a été invitées à entrer dans la première échoppe venue, alors on a tenté le coup et on s'est assises à une table. On a commandé des brochettes à vue de nez, et on s'est régalées. 6 yuan, 3 chacune. 30 centimes d'euros pour deux brochettes de viande et un petit pain épicé. Le sourire plein de gentillesse du propriétaire a conforté mon idée : c'est sûr, on reviendra.


Demain, je commence à enseigner à une classe de niveau B1 pour la première fois. Je ne suis pas très familière avec leur manuel, tellement habituée à celui que j'utilise avec ma classe de débutants. On peut dire qu'avec eux je suis rodée ^^. Alors on verra ce que ça donne avec les B1 !

dimanche 16 mai 2010

Premières impressions.

C'est bien beau d'être en Chine, me direz-vous, mais qu'est-ce que ça fait ?

Il faut quand même dire que je n'ai pas une affinité particulière avec le pays, même si j'ai toujours trouvé la culture chinoise attirante de loin, sans m'y attarder franchement jusqu'au moment où je me suis dit que ce stage en Chine serait une opportunité incroyable. Je suis partie avec l'idée de plonger dans un monde véritablement "inconnu". Inconnu surtout parce que la barrière de la langue est bel et bien présente ici, je ne parle pas ou peu chinois. Jusqu'à présent, je n'ai fait que des voyages scolaires plus "sécurisés", où je parlais la langue du pays ou bien j'avais recours à l'anglais. Dans tous les cas, sur un circuit assez touristique et sans dépasser une semaine de séjour, j'étais bien tranquille. Puis je suis allée au Japon, où je suis aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau, car je comprends presque tout autour de moi ; noms de gare, conversations entre les gens dans la rue, affiches dans les supermarchés, tout ça ne me fait pas peur du tout. Je sais demander moi-même des renseignements quand j'en ai besoin. Je suis au Japon comme chez moi.


A ce niveau, je suis bien handicapée en Chine. Mon vocabulaire est extrêmement limité et les gens ne me comprennent pas forcément quand j'utilise des gestes pour expliciter. Hier notamment, je n'ai pas réussi à faire comprendre à trois serveurs en tout que je ne voulais pas de wasabi dans mes sushi (oui, j'a regretté qu'il n'y ait pas de Japonais dans le resto, grand moment de solitude. Et j'aime décidément pas le wasabi).
J'avais franchement peur de ça en arrivant. Aujourd'hui, la langue chinoise m'est un peu plus familière, je me suis habituée à l'entendre partout autour de moi, mais dès qu'il s'agit de communiquer avec les autres je me sens franchement frustrée. Il faut que je devienne capable de demander des choses simples, au restaurant par exemple. Au moins ça.


Je suis en pleine phase de découverte de "la Chine", et je vois déjà que Qingdao est une ville un peu particulière. La croissance économique de la ville aidant, et certainement depuis la préparation des épreuves de voile des Jeux Olympiques de 2008 , Qingdao est en train de devenir un pôle important dans le pays. Il y a ici une volonté de moderniser un maximum, de créer des infrastructures fiables et enviées. Les immeubles qu'on construit dans le Central Business District font penser à un New York modeste, ou à la City de Londres. Je n'ai pas vu d'autre ville chinoise pour comparer, mais je sens ici une influence très occidentale qui vient peut-être du passé de la ville, qui a été allemande il y a quelques siècles (puis japonaise, avant d'être récupérée par la Chine). D'après certains livres que j'ai lus, les Allemands ont largement contribué au développement de la ville en leur temps.

Le Qingdao d'aujourd'hui est à la fois nostalgique et tourné vers le futur : les maisons coloniales et les demeures prestigieuses de l'époque d'occupation allemande, et plus récemment les divers monuments et places dédiées aux Jeux Olympiques, nous font regarder un temps vers le passé. Et puis, un simple coup d'oeil aux grues et aux chantiers ça et là dans la ville suffisent à rappeler les ambitions de Qingdao à l'heure actuelle. Cela donne des paysages assez fascinants.


Comme je l'ai déjà mentionné précédemment, les gens contribuent à faire de la ville ce qu'elle est aujourd'hui. Ici, même sans lire le chinois, on comprend la frénésie de consommation dans laquelle les gens sont poussés à leur plus grand ravissement. Les stratégies commerciales des magasins fonctionnent à merveille. Vidéos de publicités dans les supermarchés, dans les bus, affiches gigantesques, vendeuses en uniforme pastel pour vanter les mérites de tout nouveau produit. Glaces, boissons diverses, produits cosmétiques en tête. Les Chinois en sont grands consommateurs. Aux abords de Jusco, l'un des plus grands hypermarchés avec Carrefour, le nombre de personnes avec un McFlurry ou un cornet de glace à la vanille, et ce à tout moment de la journée, est assez impressionnant. Et comme je suis moi-même une personne faible qui ne résiste pas aux McFlurry Oreo (ils n'existent plus en France, mais c'est une nouvelle saveur ici...), j'en suis déjà à 4 pots achetés en plus de 15 jours. Misère.

En parlant des produits qui marchent bien ici, il faut mentionner les mascottes, objets d'idolâtrie ici aussi ! Notons que Doraemon est partout. Je suis à peu près sûr que des produits figurant cette mascotte japonaise ont été créés spécialement pour le marché chinois tellement il est populaire. Hello Kitty est présente aussi, mais pas autant. Ça ne veut pas dire que les Chinois n'ont pas leurs propres mascottes ! Celle la plus en vogue est un petit mouton mignon héros d'une série télévisée diffusée depuis 2005, "Pleasant Goat and Big Big Wolf (喜羊羊与灰太狼)" (mal traduit en anglais, "goat" signifiant "chèvre"). Il figure sur une multitude de produits dérivés surtout destinés aux enfants. Je le trouve passablement mignon...=D


Et pour en finir avec les mascottes, Disney a bien sûr sa place ici, surtout Winnie the Pooh. J'ai vu des vêtements "hyper-fashion" avec écrit "Winnie the Pooh" dessus, de manière stylish-branchée. Les Chinois sont forts.

Et vous allez me dire, avec tout ça, où sont passées les traditions, la Chine culturelle, florissante, comme on la voit à la télé ?
Eh bien pour l'instant, j'ai vu peu de manifestations culturelles véritablement "traditionnelles". Il faut peut-être creuser un peu pour ça. Contrairement aux femmes qui se promènent volontiers en kimono dans les rues de Tokyo, il semble qu'ici aucun vêtement traditionnel ne soit de sortie les jours ordinaires.
Mais au niveau gastronomique (oui oui, ça fait partie de la culture), on se régale. On sert de tout à Qingdao ; les plats de la cuisine chinoise les plus célèbres comme les petites bouchées vapeur et les brochettes dans les tous petits boui-bouis au coin des rues. Ça, ça ne risque pas de se perdre, car les Chinois semblent manger de tout à toute heure.
Et puis il y a bien une tradition que j'ai vue partout, dès que j'ai commencé à visiter des appartements et par la suite en me promenant dans la rue : à l'entrée des maisons ou des appartements, on accroche généralement un losange rouge joliment décoré avec écrit ce caractère : 福 . Il signifie "bonheur", et est souvent posé à l'envers, jouant sur une homonymie du caractère qui signifie "faire venir le bonheur à soi". Les habitants du foyer espèrent ainsi que le bonheur viendra jusqu'au seuil de leur maison.



Je vais donc clore ce billet en souhaitant que le bonheur vienne également jusqu'à votre porte !


再见!(zai jian ! : Au revoir !)

vendredi 14 mai 2010

Deux semaines.


Eh bien cela fait plus d'une semaine que je suis installée dans mon appartement. Enfin, je n'ai pas rangé mes affaires dans les placards dès le premier jour, mais le lendemain j'avais déjà fait de la chambre que j'ai choisie "ma" chambre. Tous les vêtements que je gardais confinés dans ma valise depuis le Japon ont trouvé une place dans la grande armoire qui trône dans la pièce, et j'ai étalé mes affaires sur le bureau et rangé tout plein de petites choses dans les tiroirs. J'ai dû courir acheter un oreiller, une couverture et un drap au Carrefour du coin le jour de mon arrivée dans l'appartement, car le lit deux places tout neuf n'avait rien pour l'habiller. J'ai passé au moins vingt minutes à étudier les emballages de literie au supermarché, pour tenter de deviner si la taille et le type de drap/couverture était le bon...en ce moment en Chine, on vend des couvertures d'été, légères et plus agréables pour les chaudes soirées des mois à venir. C'était un peu juste la semaine dernière, j'avais un peu froid (mais il fallait voir le prix des couvertures plus rembourrées aussi, hors de mon budget et inutiles dans quelques semaines vu comment la température augmente de jour en jour !).

Une semaine plus tard, le frigo est pas mal rempli, les placards de la cuisine aussi. Internet fonctionne à merveille. Ma colocataire et collègue, Caroline, est arrivée vendredi soir, et nous avons acheté tout le nécessaire pour cuisiner/faire la vaisselle/grignoter. J'ai déjà deux lessives à mon actif, je me débrouille comme un chef (héhéhé).


Caroline est quelqu'un de drôle et sympa. Pour l'instant on s'entend pas mal bien et on a commencé à bien s'organiser dans l'appart', pour "qui fait quoi". Elle a l'exubérance du Sud d'où elle vient, et elle en a l'accent aussi. Qui vient parfois perturber ma propre façon de parler, ô drame pour une prof de FLE...!

Avant que Caroline n'arrive, jeudi dernier, j'ai donné mes premières heures de cours : de 9h à 11h30, jeudi matin, avec pas mal de nervosité et de noeuds dans l'estomac je l'avoue, qui se sont dénoués au fur et à mesure cependant. Je donne cours essentiellement à des étudiants chinois de niveau A2, c'est-à-dire qu'ils ont déjà étudié le français pendant 250h environ les trois mois précédents, dans la session A1, le niveau débutant.

Ce premier cours s'est finalement bien passé, j'avais pas mal travaillé ma progression et j'ai fait de mon mieux pour expliquer les choses le plus simplement possible. Pas facile d'adapter son vocabulaire et de voir des sourcils se froncer de part et d'autre...

Le vendredi matin, re-belotte : cours au même groupe de 13h à 15h30. Là encore, pas d'accroc, quelques petits oublis de ma part, mais j'ai passé beaucoup de temps à leur expliquer un point de grammaire pas évident.




Et voilà ma deuxième semaine déjà achevée. Lundi, 5h de cours matin et après-midi. Mardi, atelier mime très enrichissant. Mercredi matin, 2h30 de cours. Mercredi soir, première rencontre avec les étudiants de l'Université Océanique de Chine à Laoshan à qui j'enseignerai à partir de la semaine prochaine. Jeudi matin, 2h30. C'est passé à une vitesse hallucinante. Lundi, je n'avais pas mon portable, et l'horloge ne fonctionnait plus...quand j'ai demandé l'heure à mes étudiants la première fois, pendant le cours de l'après-midi, il était presque l'heure de la pause ; cela voulait dire que je faisais cours depuis presque 1h30 ! Et la seconde fois, il était déjà l'heure de finir ! Je n'avais rien vu venir...


Mais j'aime de plus en plus ce que je fais. J'ai l'impression de monter marche par marche un grand escalier, petit à petit, en virevoltant un peu parce que le début, c'est bien amusant tout de même. Mon âge me permet de rire beaucoup et d'avoir une certaine proximité avec mes élèves, qui sont studieux tout en ayant leur propre caractère. J'espère continuer à développer une bonne relation avec eux, car j'ai envie de les connaître un peu mieux. Le français n'a rien d'évident pour eux, mais il s'y attellent avec courage, du mieux qu'ils peuvent, tout en se permettant de "déconner" un peu parfois.


Ce quotidien presque dévoué à l'Alliance ne m'empêche pas de découvrir "la Chine", cependant. Marcher dans la rue, prendre le bus, c'est déjà fascinant. Je m'adonne à mon loisir favori : observer les gens. Je le faisais déjà au Japon, mais ici c'est devenu un passe-temps nécessaire. Chaque personne a une histoire, et celle des Chinois que je croise est inscrite sur leur visage. Il y a la jeunesse dorée, les étudiants, habillés "fashion" tout en restant assez sobres comparés aux Japonais/Japonaises. Il y a les personnes âgées en promenade, discutant sereinement, ou assis tranquillement sur un banc à contempler les gens comme je le fais. Il y a les enfants, à la sortie de l'école, dans leur jogging au nom de l'établissement et leur petit foulard rouge. Il y a les jeunes filles en tailleur noir qui travaillent dans telle ou telle banque. Il y a ce jeune homme aux cheveux hirsutes encore vaguement colorés en roux, au jean couvert de poussière et de traces noires, dont les doigts noircis tripotent machinalement un ticket de bus pendant le trajet. Il y a cette pauvre femme aux yeux implorant la générosité des autres, mendiant presque couchée par terre dans la rue. Il y a les gens qui se pressent dans les grandes avenues, et les gens fatigués qui travaillent dans leur champ le dos courbé pendant des heures.


Tout n'est pas rose, il faut bien se le rappeler.




Les Chinois racontent la Chine sans un mot. Elle n'en devient que plus fascinante.
PS : J'ai enfin réussi à agrémenter ce billet de photos ! Elles ne sont pas forcément en lien avec l'article, c'est juste histoire de montrer quelques fragments de ce que je vois à Qingdao tous les jours !

lundi 3 mai 2010

Escapade dans la montagne.

Samedi, après avoir visité de nouveaux appartements avec Pamela (nom d'emprunt ^^), la jeune secrétaire chinoise de l'Alliance Française, nous avons croisé par le plus grand des hasards sur une grande avenue un Français que j'avais rencontré le jour de mon arrivée, Vincent. Nous décidons de manger le dîner ensemble dans un chouette restaurant que Pam connaît (il *faut* que j'y retourne). Et après cette soirée sympa, alors que je m'apprêtais à rentrer, Vincent me demande "Ça te dit d'aller à Huangdao demain ?". Huangdao est un district de la ville administrative de Qingdao, situé de l'autre côté de la baie. On y accède par bus ou par ferry, et Vincent m'affirme qu'on y trouve de jolis paysages et de petites montagnes à grimper. J'accepte, et me voilà embarquée dans une folle aventure sans même le savoir.
Le lendemain matin, à plus de 10h, nous nous retrouvons à Qingdao pour prendre un bus qui mène jusqu'à l'embarcadère du ferry, à l'autre bout de la ville. Nous mettons presque une heure dans un bus toujours plein de Chinois en vacances, car ils ont trois jours de congé pendant la période du 1er mai. Beaucoup ont décidé d'aller voir les cerisiers en fleurs dans un grand parc célèbre, à mi-chemin entre le centre-ville et l'embarcadère. Nous voyons descendre la majorité des passagers à l'arrêt près du parc, et lorsque le bus reprend sa route, je vois un océan de cheveux noirs remplir tout l'espace à l'entrée et dans l'allée principale du parc. Ils ont *tous* décidé d'aller profiter de la verdure au même moment...résultat ils ne verront pas grand chose, c'était véritablement noir de monde. Nous arrivons dans un quartier "populaire" où le bus s'arrête pour la dernière fois, au bord du trottoir sans un seul poteau pour signaler un arrêt de bus. Je suis Vincent qui a déjà pris le ferry une fois, car je ne sais absolument pas où on va. Il s'arrête acheter des petits raviolis chinois dans un petit étal dans la rue, puis nous arrivons dans l'embarcadère. En chemin, nous croisons de nombreux vendeurs à la sauvette, avec des étals très variés. En centre-ville ils vendent vraiment tout et n'importe quoi, casquettes, vêtements, accessoires supposés révolutionnaires, jouets...j'ai même vu une vieille femme vendre de tout petits pots de fleurs sous un parapluie. Près du ferry, je découvre un genre nouveau qui fait mal au coeur, et Vincent me dit que c'est répandu : les Chinois peuvent aussi vendre des petites salamandres dans de minuscules bocaux et des poissons rouges dans une petite poche plastique en forme de coeur, le tout en porte-clés. Dur.
Arrivés à l'intérieur, ô joie, je découvre un système un peu incongru : on fait la queue (et elle est déjà grande) pour acheter son ticket de bateau, puis on refait la queue de l'autre côté pour le faire poinçonner et accéder au quai. Bon en même temps, avec tout ce monde...
Le ferry nous mène doucement vers notre destination. La brume que cause la pollution nous cache très vite les immeubles de Qingdao, puis la ville tout entière disparaît à l'horizon. Pendant un moment, on ne voit rien, ni devant, ni derrière. Puis Huangdao apparaît petit à petit. Mis à part de petites montagnes se jetant dans la mer, qu'on voit à peine pourtant à cause de la brume, la ville semble n'offrir rien d'extraordinaire. Une fois débarqués, place à la plus totale improvisation : nous ne savons pas où aller. Nous décidons d'aller faire un tour à la plage, sur une péninsule figurant sur la carte de Vincent, mais comment y parvenir reste un mystère. Vincent est ici depuis 8 mois mais parle très peu mandarin, quant à moi je suis bien plus limitée. Grâce à une gentille jeune femme parlant anglais, nous nous retrouvons à bord d'un bus pour le centre-ville, où nous sommes censés descendre pour prendre un autre bus et rejoindre la plage. J'ai l'occasion de contempler à loisir l'artère infinie sur laquelle nous nous arrêtons, bordée de petits magasins, de banques et de grands immeubles résidentiels, dont la majorité sont assez récents. Nous partons à un arrêt de bus de l'autre côté, dans une petite rue aux affiches de magasins défraîchies.
Le bus arrive enfin, et nous grimpons à l'intérieur. A partir de là, je vais aller de surprise en surprise. Surtout au niveau paysage. Le premier "choc" vient très vite : le bus cahote et peine sur une route qui se transforme en chemin de terre aux bosses monstrueuses, car le quartier est en chantier, comme dans beaucoup d'endroits à Qingdao d'ailleurs. La Chine construit, construit, construit. Pas forcément de manière utile d'ailleurs. Il semble que l'objectif soit de faire de Huangdao un district aussi ambitieux que le centre même de Qingdao. Et là, passés les premières fondations d'immeubles, un champ. Un petit champ de pommes de terre, à la lisière du chantier, où travaille un paysan comme si de rien n'était. Et de l'autre côté, après les maisons luxueuses viennent aussi d'autres champs. Nous entrons dans la campagne, celle que les constructeurs n'ont pas encore investie. La route étroite et cahoteuse nous emmène loin, très loin. Peu de gens descendent aux rares arrêts de bus qui se suivent sur une longue route bordée de petits arbres, qui semble nous emmener jusqu'à l'infini. On voit la mer, puis une plage où les trois quarts des passagers se rendent, mais Vincent veut aller jusqu'au terminus pour voir. Après presque une heure de trajet, nous arrivons à un petit village de pêcheurs. Mon premier village chinois. De longues bâtisses renfermant des maisons séparées, des "symboles du bonheur" sur les portes (oui, je les appelle comme ça, les losanges rouges où figure le caractère chinois signifiant "bonheur", qu'on colle à la porte d'entrée des maisons. Il y en a partout, partout, partout). Nous partons à l'aventure sur les petits chemins qui entourent le village. Vues sur la mer, sur les petits champs et les jardins potagers, sur les drapeaux chinois partout (même sur les bateaux et sur les bassins de pisciculture !). Nous nous rapprochons de l'autre côté du village, où l'on entend le fracas de vagues au loin. Des villageois nous saluent. Nous débouchons sur une plage de galets et de rochers, où les vagues forment des rouleaux plus ou moins grands qui viennent frapper les rochers. Des gens cherchent des coquillages un peu plus loin. Certaines maisons donnent directement sur ce petit endroit préservé (ou presque, les déchets ne sont jamais loin...). Le spectacle est bien beau...


Lorsque nous retournons en direction du bus, un couple de personnes âgées, qui nous regardait de loin, nous accoste et commence à essayer de nous parler. Manque de chance, ils parlent en dialecte local, et Vincent, même en marmonnant quelques mots de mandarin, ne parvient pas à les comprendre. Pourtant ils rient de ce petit problème de communication, et semblent nous donner des conseils. Il semble qu'ils aient cru que nous étions perdus (vu la taille du village, ça aurait été difficile pourtant...huhu). Nous repartons amusés de cette rencontre, et grimpons dans le bus pour rejoindre la plage aperçue une heure auparavant. Il s'agit de la Silver Beach (elle doit donc avoir un nom en chinois, mais bon...=D), et du côté où nous arrivons, peu de monde. La plage est grande et les vagues modestes. Nous longeons la mer pour rejoindre le côté de la plage où sont rassemblés la majorité des touristes. C'est alors qu'une vision divine m'apparaît : des chevaux sur la plage ! =D Ils ressemblent à de petits chevaux mongols, d'ailleurs les propriétaires semblent les monter un peu de la même façon que les cavaliers de ce pays. Le harnachement aussi semble similaire. Mily est contente, elle voit des petits chevaux chinois galoper sur la plage ^_^...arrivés en bout de plage, un jeune homme m'adresse la parole et prononce le mot "cheval" en chinois. Apparemment, les touristes ont aussi le droit de s'essayer à l'équitation sur la plage héhé. Il a dû voir que je zieutais et photographiais les bestioles avec beaucoup d'intérêt lol. Je résiste fortement à l'envie de dire "Passez-moi un chevaaaaal !" en me disant que je peux revenir si j'ai envie, j'ai trois mois pour ça.



Nous passons notre chemin et revenons au bus, qui nous ramène au centre-ville. Et là, nous décidons d'aller chez Yann, qui habite à Huangdao. Yann est prof à l'AF, il habite en Chine depuis trois ans et compte bien y rester le plus longtemps possible. Il parle le mandarin de manière assez hallucinante pour la novice que je suis, blague tout le temps, rit beaucoup. La semaine, il habite un appartement sur le campus de l'université océanique, mais le week-end il file à Huangdao se ressourcer. Je vais comprendre très vite ce que ce terme signifie. Aller chez Yann semble un peu compliqué. Le chauffeur de taxi qui commence à nous emmener ne comprend pas exactement où nous voulons aller et Vincent n'arrive pas à contacter Yann à ce moment-là. Une course de perdue. Mais après, voilà le taxi qui revient vers nous avec une autre cliente parlant un peu anglais. On arrive à s'entendre et le taxi dépose la jeune femme à sa destination, puis nous emmène jusqu'à la nôtre. Il tente apparemment de nous intimider en voulant faire monter le prix de la course ou nous faire descendre, mais finalement après négociation de Vincent il ne dit plus rien. Nous arrivons sur une petite route en terre difficilement praticable, et à un carrefour apparaît Yann, juché sur sa moto. Il veut conduire le taxi jusqu'à un endroit plus proche de chez lui, mais un couple sur une autre moto fait remarquer au chauffeur que son pneu arrière est crevé. Sans comprendre au début, nous descendons et constatons que le pneu a bel et bien éclaté...étrangement, et dans une attitude totalement contraire à son coup de gueule précédent, le chauffeur s'excuse de ne pas pouvoir nous conduire plus loin. Je m'excuse alors de lui causer des soucis et règle la course. Vient alors le moment le plus fou de cette journée : il faut bien arriver jusqu'à chez Yann, et ce n'est pas vraiment la porte à côté. Il y a une moto disponible, et trois personnes à transporter....eh bien, la solution à ce problème est de faire monter les trois personnes sur l'engin, tout simplement ! Et sans casque, ça va de soit. Haha. Terrible XD
Et nous voilà partie, moi en sandwich entre les deux garçons, jusqu'au village où habite Yann.

Nous arrivons à une cour menant à une vieille bâtisse construite par le propriétaire des lieux, un paysan chinois de 79 ans. La maison voisine est habitée par un Américain, toute l'année. Nous grimpons sur la "terrasse" surélevée, et....waouh. Une grande chaîne de montagnes se dessine à l'horizon, séparée de nous par le village et ses maisons dispersées entre les champs. Derrière nous s'élève une colline aux couleurs ocres, où d'autres champs sont cultivés. Des arbres fleurissent ça et là, et le vent souffle assez fort ici. C'est super agréable. Yann n'arrête pas de pousser des soupirs de satisfaction et de nous souhaiter la bienvenue. Nous partons en excursion dans les collines, tous trois armés de nos appareils Reflex. Le "club Nikon" dixit Yann XD

Ce dernier gambade comme un cabri, entame la conversation avec quiconque rencontré sur son chemin, saute par-dessus des rochers. Il disparaît parfois de mon champ de vision, pour mieux y ressurgir quelques instants plus tard. Je gambade un peu aussi, j'aime arpenter les sentiers dans les collines. Un immonde pylône électrique (ressemblant vaguement à la Tour Eiffel dans un endroit totalement incongru) gâche le paysage presque intact de la campagne chinoise dans sa plus grande tradition. Le vent manque de me faire tomber de mon rocher pendant que je contemple les alentours. C'est si tranquille...

Yann s'exerce au kung-fu un peu plus loin, puis lui et Vincent mitraillent rochers, plantes et modèles divers et variés. Nous nous approchons même d'une petite vache attachée sur un flanc de colline. Nous croisons une femme qui rentre des champs Après nous être rassasiés de beaux paysages et de photos (j'ai vu par la suite que Yann en avait pris 400 en l'espace d'une heure), nous retournons chez Yann boire du thé et manger des madeleines. Oui, je me suis forcée pour le thé lol...un peu moins difficile à avaler que le thé vert japonais =D.

La nuit tombe et l'air se rafraîchit d'un coup. Il est temps de songer à partir. Le village est faiblement éclairé la nuit, ça donne une atmosphère un peu étrange. On allait rejoindre un arrêt de bus pour aller jusqu'au ferry, quand la Providence place dans notre champ de vision un taxi inoccupé dont le conducteur est en train de faire ses emplettes dans un petit magasin. Il accepte de nous conduire au ferry et Yann lui donne toutes les indications en chinois. Sur le chemin, le chauffeur m'offre même une pomme qu'il vient d'acheter ! Nous prenons le bateau jusqu'à Qingdao, et sommes dans les starting-blocks pour courir prendre le bus, comme d'autres passagers d'ailleurs. Bien malin celui qui nous précédait, car il a couru tout le long ou presque et a réussi à rentrer dans le bus, qui a refermé ses portes alors que nous étions à un mètre ! J'espère que c'est pas parce qu'on était étrangers....! Le problème, c'est que c'était le dernier bus pratique pour aller au centre-ville, car il est déjà presque 21h...après avoir valsé dans différents bus et aperçu un marché de nuit très sympa au bord de la mer, nous atteignons finalement des rues plus connues. A 22h à peine, je suis rentrée à l'hôtel, lessivée, les cheveux emmêlés à cause du vent, mais heureuse. C'était une chouette journée. Totalement imprévue, en free style la moitié du temps, mais j'en suis revenue vivante. C'est le principal !

Demain, j'emménage dans un appartement choisi aujourd'hui, et je commence mon stage jeudi. Le jour J approche, tâchons d'être prête !!

samedi 1 mai 2010

Qingdao.

Hong Kong a été une sacrée expérience. Grâce à Ku et Hiro, j'ai pu arpenter la ville dans tous les sens, de son hippodrome jusqu'à ses banlieues chics en passant par les villages plus calmes au sud de l'île. Hong Kong, ça peut paraître infernal, bruyant et terriblement compliqué, mais je sais pas, il y a quelque chose de fascinant dans cette ville, qui rend même ses immenses buildings attrayants. C'est vraiment une ville à visiter au moins une fois. J'avais pas spécialement envie d'en partir après l'avoir découverte, en tout cas ^^.
Et puis quand on a des amis adorables qui prennent le temps de tout nous montrer pendant notre séjour, on ne peut qu'aimer un voyage pareil. Il faudra vraiment que j'y consacre un article avec photos, quand j'aurai un débit internet décent pour les télécharger.

Il fallait bien quitter la chaleur de Hong Kong pour atterrir bien plus au nord, à Qingdao, ville côtière assez modeste mais dont le port est le 4ème du pays. Modeste au sens chinois, bien sûr. Environ 7 millions d'habitants. Trois fois rien, il est vrai.
La ville s'étale sur une plaine qui paraît assez aride, où émergent soudain des pics rocheux escarpés et de hautes montagnes, au pied desquelles les immeubles résidentiels sont légion. Il est difficile de décrire ma première impression. J'étais sûre d'une chose : rien ou presque ne m'était familier. La langue, les gens dans la rue, la conduite de fou des véhicules, la nourriture...je me suis sentie loin de tout ça. Et j'ai eu un peu peur, peur de l'inconnu, justement, peur de ne pas m'adapter au grand décalage qui existe entre mon mode de vie français et le mode de vie chinois. Quand je me suis retrouvée dans ma chambre d'hôtel, seule le soir, j'ai eu pendant quelques instants ce traître sentiment de "je veux rentrer chez moi". Il a disparu depuis que je découvre la ville tout en cherchant un appartement. Il reviendra certainement dans les moments où je serai trop nerveuse par rapport à ma vie ici, mais je pense que ça va aller. Je vais faire de mon mieux, à la japonaise, pour ne pas "perdre la face", à la chinoise.
Je suis finalement un mix de cultures à moi toute seule, je crois. Ça peut être utile, qui sait...^^