vendredi 14 mai 2010

Deux semaines.


Eh bien cela fait plus d'une semaine que je suis installée dans mon appartement. Enfin, je n'ai pas rangé mes affaires dans les placards dès le premier jour, mais le lendemain j'avais déjà fait de la chambre que j'ai choisie "ma" chambre. Tous les vêtements que je gardais confinés dans ma valise depuis le Japon ont trouvé une place dans la grande armoire qui trône dans la pièce, et j'ai étalé mes affaires sur le bureau et rangé tout plein de petites choses dans les tiroirs. J'ai dû courir acheter un oreiller, une couverture et un drap au Carrefour du coin le jour de mon arrivée dans l'appartement, car le lit deux places tout neuf n'avait rien pour l'habiller. J'ai passé au moins vingt minutes à étudier les emballages de literie au supermarché, pour tenter de deviner si la taille et le type de drap/couverture était le bon...en ce moment en Chine, on vend des couvertures d'été, légères et plus agréables pour les chaudes soirées des mois à venir. C'était un peu juste la semaine dernière, j'avais un peu froid (mais il fallait voir le prix des couvertures plus rembourrées aussi, hors de mon budget et inutiles dans quelques semaines vu comment la température augmente de jour en jour !).

Une semaine plus tard, le frigo est pas mal rempli, les placards de la cuisine aussi. Internet fonctionne à merveille. Ma colocataire et collègue, Caroline, est arrivée vendredi soir, et nous avons acheté tout le nécessaire pour cuisiner/faire la vaisselle/grignoter. J'ai déjà deux lessives à mon actif, je me débrouille comme un chef (héhéhé).


Caroline est quelqu'un de drôle et sympa. Pour l'instant on s'entend pas mal bien et on a commencé à bien s'organiser dans l'appart', pour "qui fait quoi". Elle a l'exubérance du Sud d'où elle vient, et elle en a l'accent aussi. Qui vient parfois perturber ma propre façon de parler, ô drame pour une prof de FLE...!

Avant que Caroline n'arrive, jeudi dernier, j'ai donné mes premières heures de cours : de 9h à 11h30, jeudi matin, avec pas mal de nervosité et de noeuds dans l'estomac je l'avoue, qui se sont dénoués au fur et à mesure cependant. Je donne cours essentiellement à des étudiants chinois de niveau A2, c'est-à-dire qu'ils ont déjà étudié le français pendant 250h environ les trois mois précédents, dans la session A1, le niveau débutant.

Ce premier cours s'est finalement bien passé, j'avais pas mal travaillé ma progression et j'ai fait de mon mieux pour expliquer les choses le plus simplement possible. Pas facile d'adapter son vocabulaire et de voir des sourcils se froncer de part et d'autre...

Le vendredi matin, re-belotte : cours au même groupe de 13h à 15h30. Là encore, pas d'accroc, quelques petits oublis de ma part, mais j'ai passé beaucoup de temps à leur expliquer un point de grammaire pas évident.




Et voilà ma deuxième semaine déjà achevée. Lundi, 5h de cours matin et après-midi. Mardi, atelier mime très enrichissant. Mercredi matin, 2h30 de cours. Mercredi soir, première rencontre avec les étudiants de l'Université Océanique de Chine à Laoshan à qui j'enseignerai à partir de la semaine prochaine. Jeudi matin, 2h30. C'est passé à une vitesse hallucinante. Lundi, je n'avais pas mon portable, et l'horloge ne fonctionnait plus...quand j'ai demandé l'heure à mes étudiants la première fois, pendant le cours de l'après-midi, il était presque l'heure de la pause ; cela voulait dire que je faisais cours depuis presque 1h30 ! Et la seconde fois, il était déjà l'heure de finir ! Je n'avais rien vu venir...


Mais j'aime de plus en plus ce que je fais. J'ai l'impression de monter marche par marche un grand escalier, petit à petit, en virevoltant un peu parce que le début, c'est bien amusant tout de même. Mon âge me permet de rire beaucoup et d'avoir une certaine proximité avec mes élèves, qui sont studieux tout en ayant leur propre caractère. J'espère continuer à développer une bonne relation avec eux, car j'ai envie de les connaître un peu mieux. Le français n'a rien d'évident pour eux, mais il s'y attellent avec courage, du mieux qu'ils peuvent, tout en se permettant de "déconner" un peu parfois.


Ce quotidien presque dévoué à l'Alliance ne m'empêche pas de découvrir "la Chine", cependant. Marcher dans la rue, prendre le bus, c'est déjà fascinant. Je m'adonne à mon loisir favori : observer les gens. Je le faisais déjà au Japon, mais ici c'est devenu un passe-temps nécessaire. Chaque personne a une histoire, et celle des Chinois que je croise est inscrite sur leur visage. Il y a la jeunesse dorée, les étudiants, habillés "fashion" tout en restant assez sobres comparés aux Japonais/Japonaises. Il y a les personnes âgées en promenade, discutant sereinement, ou assis tranquillement sur un banc à contempler les gens comme je le fais. Il y a les enfants, à la sortie de l'école, dans leur jogging au nom de l'établissement et leur petit foulard rouge. Il y a les jeunes filles en tailleur noir qui travaillent dans telle ou telle banque. Il y a ce jeune homme aux cheveux hirsutes encore vaguement colorés en roux, au jean couvert de poussière et de traces noires, dont les doigts noircis tripotent machinalement un ticket de bus pendant le trajet. Il y a cette pauvre femme aux yeux implorant la générosité des autres, mendiant presque couchée par terre dans la rue. Il y a les gens qui se pressent dans les grandes avenues, et les gens fatigués qui travaillent dans leur champ le dos courbé pendant des heures.


Tout n'est pas rose, il faut bien se le rappeler.




Les Chinois racontent la Chine sans un mot. Elle n'en devient que plus fascinante.
PS : J'ai enfin réussi à agrémenter ce billet de photos ! Elles ne sont pas forcément en lien avec l'article, c'est juste histoire de montrer quelques fragments de ce que je vois à Qingdao tous les jours !

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