C'est bien beau d'être en Chine, me direz-vous, mais qu'est-ce que ça fait ?
Il faut quand même dire que je n'ai pas une affinité particulière avec le pays, même si j'ai toujours trouvé la culture chinoise attirante de loin, sans m'y attarder franchement jusqu'au moment où je me suis dit que ce stage en Chine serait une opportunité incroyable. Je suis partie avec l'idée de plonger dans un monde véritablement "inconnu". Inconnu surtout parce que la barrière de la langue est bel et bien présente ici, je ne parle pas ou peu chinois. Jusqu'à présent, je n'ai fait que des voyages scolaires plus "sécurisés", où je parlais la langue du pays ou bien j'avais recours à l'anglais. Dans tous les cas, sur un circuit assez touristique et sans dépasser une semaine de séjour, j'étais bien tranquille. Puis je suis allée au Japon, où je suis aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau, car je comprends presque tout autour de moi ; noms de gare, conversations entre les gens dans la rue, affiches dans les supermarchés, tout ça ne me fait pas peur du tout. Je sais demander moi-même des renseignements quand j'en ai besoin. Je suis au Japon comme chez moi.

A ce niveau, je suis bien handicapée en Chine. Mon vocabulaire est extrêmement limité et les gens ne me comprennent pas forcément quand j'utilise des gestes pour expliciter. Hier notamment, je n'ai pas réussi à faire comprendre à trois serveurs en tout que je ne voulais pas de wasabi dans mes sushi (oui, j'a regretté qu'il n'y ait pas de Japonais dans le resto, grand moment de solitude. Et j'aime décidément pas le wasabi).
J'avais franchement peur de ça en arrivant. Aujourd'hui, la langue chinoise m'est un peu plus familière, je me suis habituée à l'entendre partout autour de moi, mais dès qu'il s'agit de communiquer avec les autres je me sens franchement frustrée. Il faut que je devienne capable de demander des choses simples, au restaurant par exemple. Au moins ça.

Je suis en pleine phase de découverte de "la Chine", et je vois déjà que Qingdao est une ville un peu particulière. La croissance économique de la ville aidant, et certainement depuis la préparation des épreuves de voile des Jeux Olympiques de 2008 , Qingdao est en train de devenir un pôle important dans le pays. Il y a ici une volonté de moderniser un maximum, de créer des infrastructures fiables et enviées. Les immeubles qu'on construit dans le Central Business District font penser à un New York modeste, ou à la City de Londres. Je n'ai pas vu d'autre ville chinoise pour comparer, mais je sens ici une influence très occidentale qui vient peut-être du passé de la ville, qui a été allemande il y a quelques siècles (puis japonaise, avant d'être récupérée par la Chine). D'après certains livres que j'ai lus, les Allemands ont largement contribué au développement de la ville en leur temps.
Le Qingdao d'aujourd'hui est à la fois nostalgique et tourné vers le futur : les maisons coloniales et les demeures prestigieuses de l'époque d'occupation allemande, et plus récemment les divers monuments et places dédiées aux Jeux Olympiques, nous font regarder un temps vers le passé. Et puis, un simple coup d'oeil aux grues et aux chantiers ça et là dans la ville suffisent à rappeler les ambitions de Qingdao à l'heure actuelle. Cela donne des paysages assez fascinants.

Comme je l'ai déjà mentionné précédemment, les gens contribuent à faire de la ville ce qu'elle est aujourd'hui. Ici, même sans lire le chinois, on comprend la frénésie de consommation dans laquelle les gens sont poussés à leur plus grand ravissement. Les stratégies commerciales des magasins fonctionnent à merveille. Vidéos de publicités dans les supermarchés, dans les bus, affiches gigantesques, vendeuses en uniforme pastel pour vanter les mérites de tout nouveau produit. Glaces, boissons diverses, produits cosmétiques en tête. Les Chinois en sont grands consommateurs. Aux abords de Jusco, l'un des plus grands hypermarchés avec Carrefour, le nombre de personnes avec un McFlurry ou un cornet de glace à la vanille, et ce à tout moment de la journée, est assez impressionnant. Et comme je suis moi-même une personne faible qui ne résiste pas aux McFlurry Oreo (ils n'existent plus en France, mais c'est une nouvelle saveur ici...), j'en suis déjà à 4 pots achetés en plus de 15 jours. Misère.
En parlant des produits qui marchent bien ici, il faut mentionner les mascottes, objets d'idolâtrie ici aussi ! Notons que Doraemon est partout. Je suis à peu près sûr que des produits figurant cette mascotte japonaise ont été créés spécialement pour le marché chinois tellement il est populaire. Hello Kitty est présente aussi, mais pas autant. Ça ne veut pas dire que les Chinois n'ont pas leurs propres mascottes ! Celle la plus en vogue est un petit mouton mignon héros d'une série télévisée diffusée depuis 2005, "Pleasant Goat and Big Big Wolf (喜羊羊与灰太狼)" (mal traduit en anglais, "goat" signifiant "chèvre"). Il figure sur une multitude de produits dérivés surtout destinés aux enfants. Je le trouve passablement mignon...=D
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Et pour en finir avec les mascottes, Disney a bien sûr sa place ici, surtout Winnie the Pooh. J'ai vu des vêtements "hyper-fashion" avec écrit "Winnie the Pooh" dessus, de manière stylish-branchée. Les Chinois sont forts.
Et vous allez me dire, avec tout ça, où sont passées les traditions, la Chine culturelle, florissante, comme on la voit à la télé ?
Eh bien pour l'instant, j'ai vu peu de manifestations culturelles véritablement "traditionnelles". Il faut peut-être creuser un peu pour ça. Contrairement aux femmes qui se promènent volontiers en kimono dans les rues de Tokyo, il semble qu'ici aucun vêtement traditionnel ne soit de sortie les jours ordinaires.
Mais au niveau gastronomique (oui oui, ça fait partie de la culture), on se régale. On sert de tout à Qingdao ; les plats de la cuisine chinoise les plus célèbres comme les petites bouchées vapeur et les brochettes dans les tous petits boui-bouis au coin des rues. Ça, ça ne risque pas de se perdre, car les Chinois semblent manger de tout à toute heure.
Et puis il y a bien une tradition que j'ai vue partout, dès que j'ai commencé à visiter des appartements et par la suite en me promenant dans la rue : à l'entrée des maisons ou des appartements, on accroche généralement un losange rouge joliment décoré avec écrit ce caractère : 福 . Il signifie "bonheur", et est souvent posé à l'envers, jouant sur une homonymie du caractère qui signifie "faire venir le bonheur à soi". Les habitants du foyer espèrent ainsi que le bonheur viendra jusqu'au seuil de leur maison.
Je vais donc clore ce billet en souhaitant que le bonheur vienne également jusqu'à votre porte !
再见!(zai jian ! : Au revoir !)