A Qingdao le bus est plutôt rapide, dessert tous les endroits stratégiques comme les quartiers les plus reculés, et on s'y adapte très facilement. Il ne coûte qu'1 yuan (entre 10 et 20 centimes d'euros) pour la plupart des trajets, mais sur certaines lignes il existe un forfait "plus tu vas loin, plus tu payes", qui ne dépasse jamais 3 yuan.
J'ai découvert récemment dans un bus que des consignes étaient accrochées sur les côtés en haut du bus, car elles étaient traduites en anglais, sans quoi je n'y aurais jamais prêté attention. Hormis les classiques "Keep the bus clean" et "Please don't smoke", un étonnant "Please speak mandarin chinese" m'a sauté aux yeux. Pas de dialecte dans le bus ? Ils s'imaginent qu'une telle consigne peut être si facilement suivie ? En plus même les chauffeurs ne parlent pas qu'en mandarin. Qui pourrait empêcher une Chinoise de brailler en dialecte du Shandong dans son téléphone portable ? Personne en tout cas ne semble appliquer cette curieuse règle...
Pour aller jusqu'à mon lieu de stage, je dois donc prendre le bus. Une seule ligne passe à 10 mn à pied de chez nous et conduit directement jusqu'à l'AF, sinon il faut marcher 20 mn de plus pour avoir plus de choix. Ici, pas d'horaires précis ni de plan des différentes lignes disponible (il y en aurait environ 300 dans tout Qingdao...). Un peu comme en Irlande, il y a des horaires de début et de fin de service pour chaque ligne, mais il faut être un habitué pour connaître à peu près la fréquence des bus, qui varie de moins de 5 mn à 15 mn en moyenne. Notre bus, le sacro-saint bus n°125, se fait généralement attendre comme le messie. On se retrouve assez régulièrement à poireauter à l'arrêt pendant ce qui paraît des siècles, pour finalement le voir arriver à l'horizon....bondé. Comme d'habitude.
Eh oui, le problème des bus chinois, c'est que la plupart sont des bus simples, que tout le monde semble trouver commodes pour se déplacer, qui plus est. Du coup, il y a souvent pas mal voire beaucoup de monde à l'intérieur. L'horaire le plus pratique semble être le début d'après-midi, quand on est à peu près sûr que tout le monde est à l'école ou au travail. Le 125 semble cependant faire exception, plein comme un oeuf assez régulièrement dans la journée.
Question pratique, donc : comment prend-on le bus en Chine ?
Deux possibilités : il y a des bus avec une petite boîte à l'avant qui permet d'insérer sa monnaie directement, et une petite borne juste en dessous pour ceux qui ont des cartes de transport magnétiques. Dans ceux-là, on rentre forcément par l'avant, on fourre ses billets ou pièces dans la fente et on part se trouver une place potentielle.
Dans les autres bus, c'est "à l'ancienne" et c'est mon système préféré, je ne m'en lasse jamais : il y a une ou un préposé(e) aux tickets qui passe sa journée à arpenter le bus de long en large pour donner leur ticket de bus aux gens. Ce sont souvent des femmes, plus ou moins souriantes, plus ou moins braillardes. Armées de leur sacoche, véritable coffre-fort ambulant de billets de 1 yuan, et de leur petite boîte en bois contenant de minuscules papiers de différentes couleurs (qu'elles ne lâchent jamais, même dans les virages !), elles demandent aux passagers qui viennent de monter où ils vont, en déduisent le prix du ticket à donner, prennent l'argent, font la monnaie si besoin, et tendent le ticket de la couleur appropriée à la personne. Et là, il arrive bien souvent une chose surprenante : dans 80% des cas, le passager s'en contre-fiche de ce bout de papier qui ne sert pas à grand-chose finalement, et fait un geste de la main en disant "j'en veux pas". Alors, la préposée le laisse tomber par terre. Oui, oui, tout simplement. Dans ces bus, on se retrouve donc à marcher sur un sol jonché de petits papiers qui tourbillonnent quand les fenêtres sont ouvertes. Ce n'est qu'une fois au terminus que la préposée passe un coup de balai pour les ramasser. Ils ne servent donc strictement à rien. Belle façon de gaspiller allègrement du papier...!
Le matin, c'est donc toujours le même rituel : le bus arrive à l'arrêt, ouvre ses deux portes. Les passagers qui descendent se pressent, déjà à moitié bousculés par ceux qui n'attendent que de monter le plus vite possible (des fois que le bus partirait sans eux). Caroline et moi, les deux seules étrangères tous les matins, devons nous coincer entre les gens et nous tenir du mieux possible aux poignées ou, faute de mieux, aux barres métalliques du bus. La préposée aux tickets n'est jamais bien loin ; elle nous demande où on va, on paye, je garde mon ticket, Caro le laisse tomber, et nous voilà embarquées. Les fenêtres ont beau être largement ouvertes, autant de personnes concentrées au même endroit, ça dégage une sacrée chaleur...!
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