lundi 21 juin 2010

Pékin ou la grandeur du passé.

Quatre jours. Peu de temps finalement, pour une vadrouille dans la dernière cité impériale de Chine. Mais de quoi laisser suffisamment d'étoiles dans les yeux, en plus de l'envie d'y retourner un jour.

Pékin est une capitale fascinante (elle aussi). Il y subsite, en son coeur, les vestiges d'un passé glorieux, celui des deux dynasties qui en on fait leur capitale, et celui, plus discret, mais tout aussi enchanteur, des hutong, les quartiers populaires encombrés de vélos qui donnent aux abords de la Cité Interdite un air de village aux rues étroites étendu sur des kilomètres.




Le modernisme des quartiers périphériques, qui encerclent ce noyau dur de tradition, le menacent mais ne l'ont pas encore atteint entièrement. Il y a bien des hutong qui sont déjà passés sous les pelleteuses, mais une grande partie subsite encore et, j'espère, fait suffisamment le bonheur des touristes pour qu'on ait pas l'idée de les supprimer prochainement eux aussi.

Je n'ai guère flâné dans les quartiers ultra-modernes. J'en ai vu un peu, pourtant, notamment Xidan, l'équivalent du quartier de Shibuya au Japon pour sa population de jeunes au mètre carré. Mais ce ne sont pour moi que de vagues redites du CBD de Qingdao ou de Tokyo. Ce n'est pas ce que je recherche avant tout à Pékin, aussi ne me suis-je pas prise de passion pour les buildings ici comme je l'ai fait à Hong Kong. L'atmosphère n'est pas la même. A vrai dire, Pékin me donne l'impression d'être comme Paris : une capitale basse, que les immeubles modernes enlaidissent.





Et que voist-on à Pékin, en quatre jours ? Un fourmillement constant de gens, pourtant pas aussi dense que dans la capitale japonaise ; une atmosphère unique, bien différente de l'air marin de Qingdao ; une vie tenace qui s'accroche aux hutong où les voitures ne peuvent entrer qu'avec difficulté. Des monuments, bien sûr, ancrés dans un paysage encore pas trop défiguré. Une Cité Interdite plus majestueuse que ce que l'on peut imaginer en regardant de simples clichés. Une Cité un peu vide, peut-être, car ses plus beaux palais ne sont pas visitables et certaines parties sont en reconstruction. Mais la traversée de l'enceinte du sud vers le nord, conformément à la tradition, même sous un soleil écrasant, laisse un sentiment indescriptible. Il faut essayer d'occulter tous les touristes chinois si bruyants autour de soi, et se croire seul au monde dans ce grand rectangle de murs rouges et de tuiles orangées. Une fois arrivé à la Porte Nord, on ne s'arrête pas là. Un dernier effort mène à la récompense suprême. Une fois les quelques marches de la Colline de Charbon gravies, on accède à une pagode à son sommet....et on n'a plus qu'à ouvrir grand les yeux, s'asseoir si possible, et se sentir le roi du monde si on veut.






Pékin renferme un autre bijou, très fréquenté des touristes mais tellement appréciable, surtout en y arrivant peu avant la fermeture : le Temple du Ciel. Arriver par la Porte Sud accentue le suspense ; on passe tout d'abord par l'Autel du Ciel, qui donne tout sauf l'impression d'être en Chine.

La Voûte Céleste Impériale ensuite, ce petit temple rond annonçant dans son architecture à quoi va ressembler le dernier élément de cet ensemble sacré, flanqué de ses deux bâtiments annexes.

Et puis, enfin l'endroit le plus célèbre et probablement le plus beau : la Salle de Prière pour de Bonnes Moissons. Fraîchement restauré, brillant de toutes ses couleurs, il trône au milieu d'en enceinte carrée comme les deux temples précédents. Le soleil qui décline lentement fait resplendir ses tuiles bleues et les dorures qui serpentent sur ses murs. La contemplation est courte, mais appréciée à sa juste valeur.

"Celui qui n'a pas gravi la Grande Muraille n'est pas un brave."
Qui ne va pas à la Grande Muraille pendant un séjour à Pékin n'est pas un bon touriste.
Suivant ces deux adages (dont un qui n'engage que moi =D), une visite au plus grand mur du monde s'imposait. Et ça valait le coup. Evitant le site de Badaling, le plus célèbre et l'un des plus beaux, certes, mais le plus blindé de monde (et je n'aurais guère apprécié d'avoir uniquement des têtes noires grouillant sur un mur, en guise de clichés...), nous avons gravi les marches conduisant à la Muraille sur le site de Mutianyu, au paysage un peu plus sauvage. Premier moment d'excitation en apercevant un fort à travers les arbres. Et puis, un mur de 8 mètres de haut nous fait face. Un instant plus tard, aussi fières que si c'était sur la Lune, nous posons le pied sur la Grande Muraille de Chine, la seule, l'unique, la vraie. Et c'est parti pour 2h30 de contemplation, de marche, de sueur et de soupirs d'aise sous une chaleur humide qui ne gâche pourtant pas la vue imprenable qui nous est offerte.
Pour faire dans l'original, nous avons craqué pour un retour à la civilisation pour le moins original : le toboggan. 1.5 km de piste, armées d'un petit bolide avec un frein/accélérateur, qui serpente dans la forêt au pied de la muraille jusqu'aux parkings et allées touristiques. Toujours plus sympa que de bêtes télésièges...

On doit ajouter à tout ça un succulent dîner dans le meilleur restaurant de canard laqué de la ville, quelques promenades agréables et des rencontres amusantes dans les boui-bouis où nous sommes parties en quête de nourriture. Des orages impressionnants aussi, aux éclairs multiples et aux coups de tonnerre tonitruants. Une brève promenade dans le zoo de Pékin pour apercevoir les grands pandas, gentiment assis dans un coin, occupés à grignoter leurs feuilles de bambou.

Et une dernière visite avant de reprendre le train, celle du Palais d'Eté, affectionné par les derniers empereurs chinois, notamment l'impératrice douairière Cixi, qui y a longtemps résidé. Un vaste jardin, un grand lac où pullullent les barques et pédalos, une île et un pont majestueux, mais surtout, hormis bien sûr des palais impériaux et une long galerie de promenade longeant le lac, un superbe ensemble de temples bouddhiste dont les noms laissent rêveur : Palais des Nuages Ordonnés, Pavillon des Fragrances Bouddhiques, Pavillon de la Mer de la Parfaite Sagesse. Là encore, une architecture, des paysages et des vues magnifiques. L'ascension du sommet de la Colline la Longévité Millénaire est éprouvante mais les alentours en valent largement la peine. On s'y ressource un instant, un long instant particulièrement agréable si un vent frais s'en mêle. On comprend tous les empereurs qui sont venus se promener ici, on les envie même d'avoir pu le faire sans hordes de touristes de part et d'autre.

On redescend cependant dans le monde des humains, on va jeter un coup d'oeil au célèbre bateau de marbre, "symbole de l'immobilisme impérial" au moment où l'Empire n'en avait plus pour très longtemps. Et comme on n'a soi-même guère de temps devant soi, on quitte ce havre de verdure et de paix relative (les touristes étant des créatures bruyantes au possible) et on fait en sorte d'avoir son train. On rêve à tout ce qu'on a vu en quatre jours. On sait que Pékin ne se résume pas à ce qu'on y a vu, on voudrait déjà l'explorer encore un peu plus la prochaine fois. La prochaine fois, quand on posera de nouveau le pied, conquérant tel un lointain Empereur, dans la capitale chinoise, qui est bien loin d'avoir révélé tous ses mystères.

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