jeudi 15 juillet 2010

Vers la fin.

Quatre jours et demi. Un temps infiniment court pour tenter d'approcher de plus près la multitude de cultures, de villes, de paysages que l'on trouve dans ce pays. Je pense que j'en ai eu un bon aperçu, qui me donne réellement envie de revenir ici pour continuer ce voyage tout juste entamé.

Xi'an tout d'abord, capitale de la province du Shaanxi, avec son armée enterrée si impressionnante que j'ai visitée juste après avoir déposé mes affaires à l'auberge de jeunesse. Un peu moins majestueux et magique que ce que j'imaginais, mais tout de même, qui resterait insensible à la vue de plus de 1000 soldats de terre cuite, aux visages affinés avec soin et aux armures imposantes, mis au jour dans une fosse immense qui en compte peut-être encore plusieurs milliers ? Je suis contente d'avoir entrevu un fragment de l'histoire de la Chine, probablement l'un des plus célèbres depuis quelques années, mais surtout l'un des plus fous ; car pour qu'un jeune empereur commandite l'élaboration d'une immense armée fictive pour le protéger dans l'autre monde à sa mort, il fallait bien un brin de folie, vu l'ampleur du chantier...mais c'est tout bénéfice pour le touriste d'aujourd'hui qui en reste béat d'admiration...!

Retour dans la ville même de Xi'an, avec une promenade sur les remparts de la ville ancienne, et les jardins qui l'entourent. Un beau coucher de soleil pour couronner le tout, et de belles vues sur la ville parée de ses plus beaux éclairages.

Le lendemain, la Tour du Tambour s'est révélée fort instructive, tout comme ma petite promenade dans le quartier Hui de la ville. Les Hui forment une ethnie chinoise musulmane. A Xi'an, ils occupent une partie de la ville avec des échoppes très colorées, aux enseignes à la fois en arabe et en chinois, qui est bien entendu très visitée des touristes. J'ai pu reconnaître pas mal de Hui grâce aux petits chapeaux blancs ou de couleur pâle que les hommes portent presque toujours, et par le fait que la plupart des femmes sont voilées, ou ont du moins un foulard qui retient une grande partie de leurs cheveux. La visite de la Grande Mosquée de Xi'an, haut lieu du culte musulman en Chine, et probablement l'une des plus anciennes du pays, m'a particulièrement plue. C'était la première fois que j'entrais dans l'enceinte d'une mosquée (comprendre ici tous les espaces dans l'enceinte du lieu sacré sauf la salle de prière, bien entendu). L'endroit était fascinant, car l'ensemble est agencé comme un temple bouddhiste, avec des cours, des portes et des pavillons au toits en forme d'ailes d'hirondelle, dans le respect de la tradition chinoise. Mais ça et là, quelques piqûres de rappel : sur les murs et les stèles, des inscriptions en arabe, des porches et des bas-reliefs suivant la tradition musulmane. Ce mélange de cultures que l'on pourrait penser improbable m'a fascinée. Dans cette mosquée, il régnait une atmosphère sereine. Peu de visiteurs, quelques gazouillis d'oiseaux, de quoi profiter largement du lieu. Moment assez impressionnant aussi, c'était l'heure de la prière. Les fidèles étaient tous assis dans l'immense salle de la mosquée, certains retardataires sont arrivés en courant tandis que les autres commençaient les rituels de prière, rythmés par la voix de l'imam qui est également diffusée à l'extérieur de la mosquée grâce à des haut-parleurs. J'ai été un peu intimidée lorsque les hommes sont ensuite sortis de la mosquée, puis, sur un dernier appel de l'imam, se sont tournés de nouveau vers la salle de prière, et sont restés là, debout, immobiles, les mains levés, les paumes tournées vers leur visage. Je les ai regardé faire, ne sachant plus trop où me mettre. Mais ça a été un moment particulier, j'en suis contente.


Après Xi'an, et après avoir bien failli me retrouver sans-portefeuilles-fixe pendant deux minutes (volé par un enfant qui n'a opposé aucune résistance quand il a été pris sur le fait), je me suis envolée pour Chengdu. Une ville située au coeur du Sichuan, au centre de la Chine, région où il pleut 220 jours par an. Effectivement, le Sichuan, c'est vert ! Et il a plu régulièrement pendant mes deux jours et demi là-bas. Chengdu est une ville plutôt moderne, finalement pas si intéressante que ça historiquement parlant. Je n'y ai pas visité de temples, mais une rue "à l'ancienne", reconstruite dans le respect des traditions, certes, mais complètement récente, et terriblement touristique par-dessus le marché. Mais la ville offre de belles promenades dans ses divers parcs et le long de la rivière qui la traverse. J'ai aussi assisté à une représentation d'opéra du Sichuan, constitué de divers arts martiaux, arts du thé, marionnettes, spectacles comiques, et surtout du fameux changement de masques (huanmian) dont personne ne connaît le secret à part ceux qui le pratiquent depuis des siècles. Une belle expérience que de pénétrer un peu plus dans la culture chinoise (et sa diversité !) malgré le contexte "pour touristes" du spectacle ; c'était quand même bien beau.

Chengdu est en fait le point de départ idéal vers le reste du Sichuan qui regorge de paysages époustouflants. Malheureusement, la plupart des plus beaux sites de la région étaient situés à des dizaines d'heures de route et je n'avais que deux malheureux jours devant moi. Je me suis contentée d'une visite à la plus grande statue de Bouddha au monde, sur un flanc de colline près de la ville de Leshan, au sud. Après avoir flâné et grimpé sec dans un havre de verdure et de temples dédiés à diverses divinités bouddhistes, le visage de l'Eveillé apparaît tout à coup parmi les buissons, à hauteur du visiteur, et c'est ensuite une longue attente pour descendre le flanc de la colline où il a été sculpté, pour en atteindre enfin le pied. Et là, on lève le nez 78 m plus haut, et on s'émerveille. Un colosse de roche presque rouge, assis dans le renfoncement que les hommes ont creusé pour lui, semble embrasser les environs et les touristes admiratifs de son regard serein. Impressionnant.
L'autre visite impérative était, bien sûr, celle de la base de reproduction des pandas de Chengdu. Au nord de la ville, sur une colline verdoyante plantée de bambou de part et d'autre, un petit paradis réservé aux gros nounours noirs et blancs. Beaucoup de jeunes, encore un peu patauds, dynamiques et voraces malgré la pluie continue, s'ébattaient dans de grands enclos où venaient d'être livrés des kilos de bambou pour leur petit-déjeuner. Un vrai plaisir de voir ces grosses boules de poils aux yeux doux mais aux canines imposantes se servir abondamment dans le tas de bambou, assis tranquillement sur leur derrière. Des jeunes aux adultes à la carrure plus impressionnante, ils étaient tous fascinants à observer. Un jeune de deux ans a fait rire tout le monde en descendant d'un arbre avec mille précautions (à se demander s'il allait y parvenir sans se vautrer par terre), puis en allant choisir un autre arbre et en faisant le tour sans réussir à trouver une prise pour grimper. Il s'est éloigné comme si de rien n'était, puis s'est tout à coup mis à courir vers un autre arbre un peu plus loin, et en a atteint la plus haute branche avec vigueur. Il nous a dominé de là dans une posture quasi-royale...et n'a échappé à l'appareil photo de personne !
On dit que les bébés pandas ont des réactions similaires à nos petits enfants ; les deux plus petits présentés au public faisaient des galipettes à répétition et se chamaillaient comme des bébés humains. Un régal.
Un chouette endroit que je ne regrette absolument pas d'avoir visité...j'aurais même pu passer des heures à observer ces beaux animaux dans leurs jeux et leur festin.
Mais il a bien fallu rentrer à Qingdao (après avoir loupé un avion et poireauté 7h à l'aéroport) et songer à un autre départ : celui pour la France, c'est-à-dire mon départ définitif de Chine pour une durée plus qu'indeterminée.
Tout le monde me demande quand je compte revenir en Chine ; s'il est sûr que j'ai officiellement l'intention d'y remettre les pieds (pour la simple et bonne raison qu'il faudrait une existence entière pour tout en voir, et je suis loin d'avoir vu tout ce que je voulais dans ce pays), je ne sais absolument pas quand je pourrai y retourner. On verra bien...
Je me prépare, le coeur un peu gros, certes, mais d'ores et déjà rempli d'excellents souvenirs. Ce voyage et cette expérience m'auront au moins apporté une certitude : il fallait que je découvre la Chine pour l'apprécier autant que je l'apprécie à présent. J'ai hâte de revenir, vraiment.

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